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corps d'un Indien hors du petit bois: un sauvage nu comme l'autre. Il
etait mort, et on se preparait a le scalper.
--Allons, Barney? dit un des hommes d'un ton plaisant, la chevelure est a
toi. Pourquoi ne la prends-tu pas, gaillard?
--Elle est a moi, dites-vous! demanda Barney s'adressant a celui qui
venait de parler, et avec un fort accent irlandais.
--Certainement: tu as tue l'homme; c'est ton droit.
--Est-ce que ca vaut vraiment cinquante dollars?
--Ca se paie comme du froment.
--Auriez-vous la complaisance de l'enlever pour moi?
--Oh! certainement, avec beaucoup de plaisir, reprit le chasseur, imitant
l'accent de Barney, separant en meme temps le scalp et le lui presentant.
Barney prit le hideux trophee, et je parierais qu'il n'en ressentit pas
beaucoup de fierte. Pauvre Celte! Il pouvait bien s'etre rendu coupable de
plus d'un accroc a la discipline, dans sa vie de garnison, mais evidemment
c'etait son premier pas dans le commerce du sang humain.
Les chasseurs descendirent tous de cheval et se mirent a fouiller le
fourre dans tous les sens. La recherche fut tres-minutieuse, car il y
avait encore un mystere. Un arc de plus, c'est-a-dire un troisieme arc,
avait ete trouve avec son carquois et ses fleches. Ou etait le
proprietaire? S'etait-il echappe du fourre pendant que les hommes etaient
occupes aupres des buffalos morts? C'etait peu probable, mais ce n'etait
pas impossible. Les chasseurs connaissaient l'agilite extreme des
sauvages, et nul n'osait affirmer que celui-ci n'eut pas gagne la foret,
inapercu.
--Si cet Indien s'est echappe, dit Garey, nous n'avons pas meme le temps
d'ecorcher ces buffles. Il y a pour sur une troupe de sa tribu a moins de
vingt milles d'ici.
--Cherchez au pied des saules, cria la voix du chef, tout pres de l'eau.
Il y avait la une mare. L'eau en etait troublee et les bords avaient ete
trepignes par les buffalos. D'un cote, elle etait profonde, et les saules
penches laissaient pendre leurs branches jusque sur la surface de l'eau.
Plusieurs hommes se dirigerent de ce cote et sonderent le fourre avec
leurs lances et le canon de leurs fusils. Le vieux Rube etait venu avec
les autres, et otait le bouchon de sa corne a poudre avec ses dents, se
disposant a recharger. Son petit oeil noir lancait des flammes dans toutes
les directions, devant, autour de lui et jusque dans l'eau. Une pensee
subite lui traversa le cerveau. Il repoussa le bouchon de sa corne, prit
l
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