nt-ils tous.
--Pas autre chose.
--Pouah? Ca ne devait pas sentir bon, si je ne me trompe.
--Ca passe tout ce que vous pouvez dire.
--Et quand avez-vous mange ce vautour, vieux camarade? demanda un des
chasseurs, supposant bien qu'il devait y avoir quelque histoire relative a
ce repas.
--Oui, conte-nous ca, Rube! conte-nous ca.
--Eh bien, commenca Rube, apres un moment de silence, il y a a peu pres
six ans de cela; j'avais ete laisse a pied, sur l'Arkansas, par les
Rapahoes, a pres de deux cents milles au-dessus de la foret du Big. Les
maudits gueux m'avaient pris mon cheval, mes peaux de castor et tout. He!
he! continua l'orateur, avec un petit gloussement; he! he! ils croyaient
bien en avoir fini avec le vieux Rube, en le laissant ainsi tout seul.
--S'ils l'ont fait, remarqua un chasseur, c'est qu'ils comptaient
la-dessus. Eh bien, et le vautour?
--Ainsi donc j'etais depouille de tout: il ne me restait juste qu'un
pantalon de peau, et j'etais a plus de deux cents milles de tout pays
habite! Le fort de Bent etait l'endroit le plus proche: je pris cette
direction.
Je n'ai jamais vu de ma vie de gibier aussi farouche. Si j'avais eu mes
trappes, je lui en aurais fait voir des grises; mais il n'y avait pas une
de ces betes, depuis les mineurs aquatiques jusqu'aux buffalos de la
prairie, qui ne parut comprendre a quoi le pauvre negre en etait reduit.
Pendant deux grands jours, je ne pus rien prendre que des lezards, et
encore c'est a peine si j'en trouvais.
--Les lezards font un triste plat, remarqua un des auditeurs.
-Vous pouvez le dire. La graisse de ces jointures de cuisse vaut mieux,
bien sur.
Et, en disant cela, Rube renouvelait ses attaques au mouton-loup.
--Je mangeai les jambes de mes culottes, jusqu'a ce que je fusse aussi nu
que la Roche de Chimely.
--Cre nom! etait-ce en hiver?
--Non. Le temps etait doux et assez chaud pour qu'on put aller ainsi. Je
ne me souciais guere de mes jambes de peau a cet endroit; mais j'aurais
voulu en avoir plus longtemps a manger.
Le troisieme jour, je tombai sur une ville de rats des sables. Les cheveux
du vieux negre etaient plus longs alors qu'ils ne sont aujourd'hui. J'en
fis des collets, et j'attrapai pas mal de rats; mais ils devinrent
farouches, eux aussi, les satanes animaux, et je dus renoncer a cette
speculation. C'etait le troisieme jour depuis que j'avais ete plante la,
et j'en avais au moins pour toute une grande semaine. Je commencai a
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