re orientale des Llanos. La grande
prairie est coupee a l'ouest par le _sentier de guerre_ des Apaches, qui
se dirige au sud vers Sonora. Pres du sentier, et le commandant, une haute
montagne s'eleve et domine au loin la plaine. C'est le Pinon. Notre
intention etait de gagner cette montagne et de nous tenir caches au milieu
des rochers pres d'une source bien connue, jusqu'a ce que nos ennemis
fussent passes. Mais, pour faire cela, il fallait traverser le sentier de
guerre, et nos traces nous auraient denonces. C'etait une difficulte que
Seguin n'avait pas prevue. Le Pinon etait le seul point duquel nous
puissions etre apercus. Il fallait donc atteindre cette montagne, et
comment le faire sans traverser le sentier qui nous en separait!
Aussitot notre arrivee a l'Ojo de Vaca, Seguin reunit les hommes en
conseil pour deliberer sur cette grave question.
--Deployons-nous sur la prairie, dit un chasseur, et restons tres-ecartes
les uns des autres jusqu'a ce que nous ayons traverse le sentier de guerre
des Apaches. Ils ne feront pas attention a quelques traces disseminees ca
et la, je le parie.
--Ouais! compte la-dessus, reprit un autre; croyez-vous qu'un Indien soit
capable de rencontrer une piste de cheval sans la suivre jusqu'au bout?
Cela est impossible.
--Nous pouvons envelopper les sabots de nos chevaux, pour le temps de la
traversee, suggera l'homme qui avait deja parle.
--Ah! ouiche; ca serait encore pire. J'ai essaye de ce moyen-la une fois,
et j'ai bien failli y perdre ma chevelure. Il n'y a qu'un Indien aveugle
qui pourrait etre pris a cela. Il ne faut pas nous y risquer.
--Ils ne sont pas si vetilleux quand ils suivent le sentier de la guerre,
je vous le garantis. Et je ne vois pas pourquoi nous ne nous contenterions
pas de ce moyen.
La plupart des chasseurs parurent etre de ravis du second. Les Indiens,
penserent-ils, ne pourraient manquer de remarquer un si grand nombre de
traces de sabots enveloppes, et de flairer quelque chose en l'air. L'idee
de tamponner les pieds des chevaux fut donc abandonnee. Mais que faire?
Le trappeur Rube, qui jusque-la n'avait rien dit, attira sur lui
l'attention generale par cette exclamation:
--Pish!
--Eh bien, qu'as-tu a dire, vieille rosse? demanda un des chasseurs.
-Que vous etes un tas de fichues betes, tous tant que vous etes. Je ferais
passer autant de chevaux qu'il en pourrait tenir dans cette prairie a
travers le sentier des Apaches sans laisser une tr
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