nt sur pied. La moitie
d'entre eux detachent les chevaux de leurs piquets et les conduisent a
l'eau. Ils ajustent les brides, prennent leurs lances, bandent leurs arcs,
mettent le carquois sur leurs epaules et sautent a cheval. Apres une
courte consultation, ils se dirigent au galop vers l'est. Une demi-heure
apres, nous les voyons poursuivant les buffalos a travers la prairie, les
percant de leurs fleches et les traversant de leurs longues lances. Ceux
qui sont restent au camp menent leurs chevaux a la source, et les
reconduisent dans la prairie. Puis ils abattent de jeunes arbres, pour
alimenter les feux. Voyez! les voila qui enfoncent de longues perches dans
la terre, et qui tendent des cordes de l'une a l'autre. Dans quel but?
Nous ne le savons que trop.
--Ah! regardez la-bas! murmure un des chasseurs en voyant ces preparatifs;
la-bas, les cordes a secher la viande! Maintenant, il n'y a pas a dire,
nous voila en cage pour tout de bon.
--_Por todos los santos, es verdad!_
--_Caramba! carajo! chingaro!_ grommelle le cibolero qui voit parfaitement
ce que signifient ces perches et ces cordes.
Nous observons avec un interet fievreux tous les mouvements des sauvages.
Le doute ne nous est plus permis. Ils se disposent a rester la plusieurs
jours. Les perches dressees presentent un developpement de plus de cent
yards, devant le front du campement. Les sauvages attendent le retour de
leurs chasseurs. Quelques-uns montent a cheval et se dirigent au galop
vers la battue des buffalos qui fuient au loin dans la plaine. Nous
regardons a travers les feuilles en redoublant de precautions, car le jour
est eclatant, et les yeux percants de nos ennemis interrogent tous les
objets qui les entourent. Nous parlons a voix basse, bien que la distance
rende, a la rigueur, cette precaution superflue; mais, dans notre terreur,
il nous semble que l'on peut nous entendre. L'absence des chasseurs
indiens a dure environ deux heures. Nous les voyons maintenant revenir a
travers la prairie, par groupes separes. Ils s'avancent lentement. Chacun
d'eux porte une charge devant lui, sur le garrot de son cheval. Ce sont de
larges masses de chair rouge, fraichement depouillee et fumante. Les uns
portent les cotes et les quartiers, les autres les bosses, ceux-ci les
langues, les coeurs, les foies, les _petits morceaux_, enveloppes dans les
peaux des animaux tues. Ils arrivent au camp et jettent leurs chargements
sur le sol. Alors commence une scene
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