voir si le hurlement a attire l'attention des sauvages. Aucun
mouvement inusite ne se manifeste parmi eux; ils n'ont rien entendu. Le
chien est depece et devore avant que la chair palpitante ait eu le temps
de se refroidir! Le cheval est preserve. La recolte des cactus
rafraichissants pour nos betes nous occupe pendant quelque temps. Quand
nous retournons a notre observatoire, un joyeux spectacle s'offre a nos
yeux. Les guerriers assis autour des feux renouvellent les peintures de
leurs corps. Nous savons ce que cela veut dire. Le _tasajo_ est devenu
noir. Grace au soleil brulant il sera bientot bon a empaqueter.
Quelques-uns des Indiens s'occupent a empoisonner les pointes de leurs
fleches. Ces symptomes raniment notre courage. Ils se mettront bientot en
marche, sinon cette nuit, demain au point du jour. Nous nous felicitons
reciproquement, et suivons de l'oeil tous les mouvements du camp. Nos
esperances s'accroissent a la chute du jour. Ah! voici un mouvement
inaccoutume. Un ordre a ete donne. Voila!
--_Mira! Mira!--See!--Look! look!_--Tous les chasseurs s'exclament a la
fois, mais a voix basse.
--Par le grand diable vivant! ils vont partir a la brune.
Les sauvages detachent le _tasajo_ et le mettent en rouleaux. Puis, chaque
homme se dirige vers son cheval, les piquets sont arraches: les betes
menees a l'eau; on les bride, on les harnache et on les sangle. Les
guerriers prennent leurs lances, endossent leur carquois, ramassent leurs
boucliers et leurs arcs, et sautent legerement a cheval. Un moment apres,
leur file est formee avec la rapidite de la pensee, et, reprenant leur
sentier, ils se dirigent, un par un, vers le sud. La troupe la plus
nombreuse est passee. La plus petite, celle des Navajoes, suit la meme
route. Non, cependant! cette derniere oblique soudainement vers la gauche
et traverse la prairie, se dirigeant a l'est, vers la source de l'Ojo de
Vaca.
XXVI
LES DIGGERS.[1]
[Note 1: _Diggers_, mot a mot: homme qui creuse, fossoyeur. C'est une race
particuliere de sauvage de ces montagnes.]
Notre premier mouvement fut de nous precipiter au bas de la cote, vers la
source, pour y satisfaire notre soif, et vers la plaine pour apaiser notre
faim avec les os depouilles de viandes dont le camp etait jonche.
Neanmoins, la prudence nous retint.
--Attendez qu'ils aient disparu, dit Garey. Ils seront hors de vue en
trois sauts de chevre.
--Oui, restons ici un instant encore, ajoute un autre; qu
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