de bruit et de confusion. Les
sauvages courent ca et la, criant, bavardant, riant et sautant. Avec leurs
longs couteaux a scalper, ils coupent de larges tranches et les placent
sur les braises ardentes, ils decoupent les bosses, et enlevent la graisse
blanche et remplissent des boudins. Ils deploient les foies bruns qu'ils
mangent crus. Ils brisent les os avec leurs tomahawks, et avalent la
moelle savoureuse. Tout cela est accompagne de cris, d'exclamations, de
rires bruyants et de folles gambades. Cette scene se prolonge pendant plus
d'une heure. Une troupe fraiche de chasseurs monte a cheval et part. Ceux
qui restent decoupent la viande en longues bandes qu'ils accrochent aux
cordes preparees dans ce but. Ils la laissent ainsi pour etre transformee
en _tasajo_ par l'action du soleil. Nous savons ce qui nous attend; le
peril est extreme; mais des hommes comme ceux qui composent la bande de
Seguin ne sont pas gens a abandonner la partie tant qu'il reste une ombre
d'espoir. Il faut qu'un cas soit bien desespere pour qu'ils se sentent a
bout de ressources.
--Il n'y a pas besoin de nous tourmenter tant que nous ne sommes pas
atteints dans nos oeuvres vives, dit un des chasseurs.
--Si c'est etre atteint dans ses oeuvres vives que d'avoir le ventre
creux, replique un autre, je le suis, et ferme. Je mangerais un ane tout
cru, sans lui oter la peau.
--Allons, garcons, replique un troisieme, ramassons des noix de pin et
regalons-nous.
Nous suivons cet avis et nous nous mettons a la recherche des noix. A
notre grand desappointement, nous decouvrons que ce precieux fruit est
assez rare. Il n'y a pas sur la terre ou sur les arbres de quoi nous
soutenir pendant deux jours.
--Par le diable! s'ecrie un des hommes, nous serons forces de nous en
prendre a nos betes.
--Soit, mais nous avons encore le temps, nous attendrons que nous nous
soyons un peu ronge les poings avant d'en venir la.
On procede a la distribution de l'eau qui se fait dans une petite tasse.
Il n'en reste plus guere dans les outres, et nos pauvres chevaux
souffrent.
--Occupons-nous d'eux, dit Seguin, se mettant en devoir d'eplucher un
cactus avec son couteau.
Chacun de nous en fait autant et enleve soigneusement les cotes et les
piquants. Un liquide frais et gommeux coule des tissus ouverts. Nous
arrachons, en brisant leurs courtes queues, les boules vertes des cactus,
nous les portons dans le fourre et les placons devant nos animaux. Ceux-ci
s'emp
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