asse, etendus sur les rochers et suivant de
l'oeil tous leurs mouvements.
--Il est evident qu'ils ont l'intention de faire sejour ici.
--Oui, ca y est; c'est sur et certain! Fichtre! je voudrais bien savoir
combien de temps ils vont y rester.
--Trois jours au moins; peut-etre cinq ou six.
--B...igre de chien! nous serons flambes avant qu'il n'en soit passe la
moitie!
--Que diable auraient-ils a faire ici si longtemps? Je parie, moi, qu'ils
vont filer aussitot qu'ils pourront.
--Sans doute; mais pourront-ils partir plus tot?
--Ils ont bien assez d'un jour pour ramasser toute la viande dont ils ont
besoin. Voyez! il y a la-bas des buffalos en masse. Regardez! la-bas, tout
la-bas!
Et celui qui parlait montrait des silhouettes noires qui se detachaient
sur le ciel brillant. C'etait un troupeau de buffalos.
--C'est juste. En moins d'une demi-journee, ils auront abattu autant de
viande qu'ils en veulent. Mais comment la feront-ils secher en moins de
trois jours. C'est la ce que je serais bien aise de savoir.
--_Es verdad!_ dit un des Mexicains, un cibolero; _tres dias, al menos!_
--Oui, messieurs! Et gare si le soleil nous joue le mauvais tour de ne pas
se montrer.
Ces propos sont echanges entre deux ou trois hommes qui parlent a voix
basse, mais assez haut cependant pour que nous les entendions. Ils nous
revelent une nouvelle face de la question, que nous n'avions pas encore
envisagee. Si les Indiens restent la jusqu'a ce que leurs viandes soient
sechees, nous sommes grandement exposes a mourir de soif ou a etre
decouverts dans notre cachette. Nous savons que l'operation du
dessechement de la viande de buffalo demande trois jours, avec un bon
soleil, comme un chasseur l'a insinue. Cela, joint a une premiere journee
employee a la chasse, nous fait quatre jours d'emprisonnement dans le
ravin! La perspective est redoutable. Nous pressentons les atroces et
mortelles tortures de la soif. La famine n'est pas a craindre; nos chevaux
sont la et nous avons nos couteaux. Ils nous fourniront de la viande, au
besoin, pour plusieurs semaines. Mais les cactus suffiront-ils a calmer la
soif des hommes et des betes pendant trois ou quatre jours? C'est la une
question que personne ne peut resoudre. Le cactus a souvent soulage un
chasseur pendant quelque temps; il lui a rendu les forces necessaires pour
gagner un cours d'eau, mais plusieurs jours! L'epreuve ne tarde pas a
commencer. Le jour s'est leve; les Indiens so
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