it attirer nos
ennemis dans cette direction, a moins, toutefois, qu'ils ne vinssent y
chercher des noix du Pinon. Quelques-uns de leurs chiens aussi ne
pouvaient-ils pas venir de ce cote, en quete de gibier, ou attires par
l'odeur de nos chevaux? Tout cela etait possible, et chacune de ces
probabilites nous faisait frissonner.
--S'ils ne nous decouvrent pas, dit Seguin, cherchant a nous rassurer,
nous pourrons vivre un jour ou deux avec des noix de pin. Quand les noix
nous feront defaut, nous tuerons un de nos chevaux. Quelle quantite d'eau
avons-nous?
--Nous avons de la chance, capitaine, nos outres sont presque pleines.
--Mais nos pauvres betes? Il n'y aura pas de quoi les abreuver.
--Il n'y a pas a craindre la soif tant que nous aurons de cela, dit
El-Sol, regardant a terre et indiquant du pied une grosse masse arrondie
qui croissait parmi les rochers: c'etait un cactus spheroidal. Voyez,
continua-t-il, il y en a par centaines.
Tout le monde comprit ce qu'El-Sol voulait dire, et les regards se
reposerent avec satisfaction sur les cactus.
--Camarades, reprit Seguin, il ne sert a rien de nous desoler. Que ceux
qui peuvent dormir dorment. Il suffit de poser une sentinelle la-bas et
une autre ici. Allez, Sanchez! Et le chef indiqua en bas de la ravine un
poste d'ou on pouvait surveiller l'entree.
La sentinelle s'eloigna, et prit son poste en silence. Les autres
descendirent, et, apres avoir visite les muselieres des chevaux,
retournerent a la station de la vedette placee sur la crete. La, nous nous
roulames dans nos couvertures, et, nous etendant sur les rochers, nous
nous endormimes pour le reste de la nuit.
Avant le jour, nous sommes tous sur pied, et nous guettons a travers le
feuillage avec un vif sentiment d'inquietude. Le camp des Indiens est
plonge dans le calme le plus profond. C'est mauvais signe! S'ils avaient
du partir, ils auraient ete debout plus tot. Ils ont l'habitude de se
mettre en route avant l'aube. Ces symptomes augmentent nos alarmes. Une
lueur grise commence a se repandre sur la prairie. Une bande blanche se
montre a l'horizon, du cote de l'Orient. Le camp se reveille. Nous
entendons des voix. Des formes noires s'agitent au milieu des lances
plantees verticalement dans le sol. Des sauvages gigantesques traversent
la plaine. Des peaux de betes couvrent leurs epaules et les protegent
contre l'air vif du matin. Ils portent des fagots. Ils rallument les feux.
Nos hommes causent a voix b
|