rs couvertures et
s'endorment. Les flammes cessent de briller, mais, a la lueur de la lune,
nous pouvons distinguer les corps couches des sauvages. Des formes
blanches se meuvent au milieu d'eux; ce sont les chiens quetant apres les
debris du souper. Ils courent ca et la, grondant l'un apres l'autre, et
aboyant aux coyotes qui rodent a la lisiere du camp. Plus loin, sur la
prairie, les chevaux sont encore eveilles et occupes. Nous entendons le
bruit de leurs sabots frappant le sol et le craquement de l'herbe touffue,
sous leurs dents. D'espace en espace nous apercevons la forme droite d'un
homme debout: ce sont les sentinelles de la caballada.
XXV
TROIS JOURS DANS LA TRAPPE.
Nous dumes nous preoccuper alors de notre propre situation. Les dangers et
les difficultes dont nous etions entoures apparurent a nos yeux.
--Est-ce que les sauvages vont rester ici pour chasser?
Cette pensee sembla nous venir a tous au meme instant, et nous echangeames
des regards inquiets et consternes.
--Cela n'est pas improbable, dit Seguin a voix basse, et d'un ton grave;
il est evident qu'ils ne sont pas approvisionnes de viande; et comment
pourraient-ils sans cela entreprendre la traversee du desert? Ils
chasseront ici ou plus loin. Pourquoi pas ici?
--S'il en est ainsi, nous sommes dans une jolie trappe! Interrompit un
chasseur montrant successivement l'entree de la gorge d'un cote et la
montagne de l'autre.--Comment sortirons-nous d'ici? Je serais vraiment
curieux de le savoir.
Nos yeux suivirent les gestes de celui qui parlait. En face de l'ouverture
de la ravine, a moins de cent yards de distance des rochers qui en
obstruaient l'entree, nous apercevions la ligne du camp des Indiens. Plus
pres encore, il y avait une sentinelle. On n'aurait pu s'aventurer a
sortir, la sentinelle fut-elle endormie, sans s'exposer a rencontrer les
chiens qui rodaient en foule dans le camp. Derriere nous, la montagne se
dressait verticalement comme un mur. Elle etait inaccessible. Nous etions
positivement dans une trappe.
--_Carrai_! s'ecria un des hommes, nous allons crever de faim et de soif
s'ils restent ici pour chasser!
--Ca sera encore plus tot fait de nous, reprit un autre, s'il leur prend
fantaisie de penetrer dans la gorge!
Cette hypothese pouvait se realiser, bien qu'il y eut peu d'apparence. Le
ravin formait une espece de cul-de-sac qui entrait de biais dans la
montagne et se terminait a un mur de rochers. Rien ne pouva
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