s melanges; les escopettes et les
Rifles poses contre les arbres; les selles a hauts pommeaux, placees sur
des troncs d'arbres et sur des souches; les brides accrochees aux branches
inferieures; des guirlandes de viande sechee disposees en festons devant
les tentes, des tranches de venaison encore fumantes et laissant perler
leurs gouttes de jus a moitie coagule; tout cela formait un spectacle des
plus curieux et des plus attachants. On voyait briller, dans la nuit,
comme des taches de sang, les couches de vermillon etendues sur les fronts
des guerriers indiens. C'etait une peinture a la fois sauvage et
belliqueuse, mais presentant un aspect de ferocite qui soulevait le coeur
non accoutume a un tel spectacle. Une semblable peinture ne pouvait se
rencontrer que dans un bivac de guerilleros, de brigands, de _chasseurs
d'hommes_.
XXIII
EL-SOL ET LA LUNA.
--Venez, dit Seguin en me touchant le bras, notre souper est pret, je vois
le docteur qui nous appelle.
Je me rendis avec empressement a cette invitation, car l'air frais du soir
avait aiguise mon appetit. Nous nous dirigeames vers la tente devant
laquelle un feu etait allume. Pres de ce feu, le docteur, assiste par Gode
et un peon pueblo, mettait la derniere main a un savoureux souper, dont
une partie avait ete deja transportee sous la tente. Nous suivimes les
plats, et primes place sur nos selles, nos couvertures et nos ballots qui
nous servaient de sieges.
--Vraiment, docteur, dit Seguin, vous avez fait preuve ce soir d'un
admirable talent comme cuisinier. C'est un souper de Lucullus.
--Oh! mon gabitaine, ch'ai vait de mon mieux; M. Caute m'a tonne un pon
goup te main.
--Eh bien, M. Haller et moi nous ferons honneur a vos plats. Attaquons-le.
--Oui, oui! bien, monsieur Capitaine, dit Gode arrivant, tout empresse,
avec une multitude de viandes.
Le Canadien etait dans son element toutes les fois qu'il y avait beaucoup
a cuire et a manger.
Nous fumes bientot aux prises avec de tendres filets de vache sauvage, des
tranches roties de venaison, des langues sechees de buffalo, des tortillas
et du cafe. Le cafe et les tortillas etaient l'ouvrage du Pueblo, qui
etait le professeur de Gode dans ces sortes de preparations. Mais Gode
avait un plat de choix, un _petit morceau_ en reserve, qu'il apporta d'un
air tout triomphant.
--Voici, messieurs! s'ecria-t-il en le posant devant nous.
--Qu'est-ce que c'est, Gode?
--Une fricassee, monsieur.
--F
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