ux avec la balle de son rifle, et l'a faconne de ses
propres mains, a moins qu'il ne soit un de ceux qui, dans un de leurs
moments de repos, prennent, pour partager leur hutte, quelque fille
indienne, des Sioux, des Crows ou des Cheyennes. Ce vetement consiste en
une blouse de peau de daim preparee, rendue souple comme un gant par
l'action de la fumee; de grandes jambieres montant jusqu'a la ceinture et
des mocassins de meme matiere; ces derniers, garnis d'une semelle de cuir
epais de buffalo. La blouse serree a la taille, mais ouverte sur la
poitrine et au cou, se termine par un elegant collet qui retombe en
arriere jusque sur les epaules. Par-dessous on voit une autre chemise de
matiere plus fine, en peau preparee d'antilope, de faon ou de daim fauve.
Sur sa tete un bonnet de peau de rackoon [1] ornee, a l'avant, du museau
de l'animal, et portant a l'arriere sa queue rayee, qui retombe, comme un
panache, sur l'epaule gauche. L'equipement se compose d'un sac a balles,
en peau non appretee de chat des montagnes, et d'une grande corne en forme
de croissant sur laquelle sont ciseles d'interessants souvenirs. Il a pour
armes un long couteau, un _bowie_ (lame recourbee), un lourd pistolet,
soigneusement attache par une courroie qui lui serre la taille. Ajoutez a
cela un rifle de cinq pieds de long, du poids de neuf livres, et si droit
que la crosse est presque le prolongement de la ligne du canon.
[Note: Sorte de blaireau.]
Dans tout cet habillement, cet equipement et cet armement, on s'est peu
preoccupe du luxe et de l'elegance; cependant, la coupe de la blouse en
forme de tunique n'est pas depourvue de grace. Les franges du collet et
des guetres ne manquent pas de style, et il y a dans le bonnet de peau de
rackoon une certaine coquetterie qui prouve que celui qui le porte n'est
pas tout a fait indifferent aux avantages de son apparence exterieure. Un
petit sac ou sachet gentiment brode avec des piquants barioles de
porc-epic pend sur sa poitrine. Par moments, il le contemple avec un
regard de satisfaction: c'est son porte-pipe, gage d'amour de quelque
demoiselle aux yeux noirs, aux cheveux de jais, sans doute, et habitant
comme lui ces contrees sauvages. Tel est l'ensemble d'un trappeur de la
montagne. Plusieurs hommes, a peu de chose pres vetus et equipes de meme,
se tiennent autour de celui dont j'ai trace le portrait. Quelques-uns
portent des chapeaux rabattus, de feutre gris; d'autres des bonnets de
peau de chat; ce
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