uttes; des ustensiles de campement de toutes
sortes, tels que casseroles, chaudieres, haches, etc., jonchaient le sol.
Autour de grands feux, ou brillaient des arbres entiers, des groupes
d'hommes etaient assis. Ils ne cherchaient pas la chaleur, car la
temperature n'etait pas froide: ils faisaient griller des tranches de
venaison; ou fumaient dans des pipes de toutes formes et de toutes
dimensions. Quelques-uns fourbissaient leurs armes ou reparaient leurs
vetements.
Des sons de toutes les langues frappaient mon oreille: lambeaux entremeles
de francais, d'espagnol, d'anglais et d'indien. Les exclamations se
croisaient, chacune caracterisant la nationalite de ceux qui les
proferaient: "_Hilloa, Dick! kung it, old hoss, whot ore ye' bout?_ (Hola,
Dick! accroche-moi ca, vieille rosse; qu'est-ce que tu fais donc?)"
--"Sacrr...!--_Carramba!_"--"Pardieu, monsieur!"--"_By the eternal
airthquake!_" (par le tremblement de terre eternel).--"_Vaya, hombre,
vaya!_" "--_Carajo!_"--"By Gosh!_"--"_Santissima, Maria!_"--"Sacrr...!"
On aurait pu croire que les differentes nations avaient envoye la des
representants pour etablir un concours de jurements.
Trois groupes distincts etaient formes. Dans chacun d'eux un langage
particulier dominait, et il y avait une espece d'homogeneite de costume
chez les hommes qui composaient chacun de ces groupes. Le plus voisin de
moi parlait espagnol: c'etaient des Mexicains. Voici, autant que je me le
rappelle, la description de l'habillement de l'un d'eux:
Des _calzoneros_ de velours vert, tailles a la maniere des culottes de
marin; courts de la ceinture, serres sur les hanches, larges du bas,
doubles a la partie inferieure de cuir noir ornemente de filets gaufres et
de broderies; fendus a la couture exterieure, depuis la hanche jusqu'a la
cuisse; ornes de tresses, et bordes de rangees d'aiguillettes a ferrets
d'argent. Les fentes sont ouvertes, car la soiree est chaude, et laissant
apercevoir les _calzoncillos_ de mousseline blanche, pendant a larges plis
jusqu'autour de la cheville. Les bottes sont en peau de biche tannee, de
couleur naturelle. Le cuir en est rougeatre; le bout est arrondi, les
talons sont armes d'eperons, pesant chacun une livre au moins; et garnis
de molettes de trois pouces de diametre! Ces eperons, curieusement
travailles, sont attaches a la botte par des courroies de cuir ouvre. Des
petits grelots (_campanillas_) pendent de chacune des dents de ces
molettes colossales, et
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