nt et lui
dire: "Vous voulez empecher le mariage de mademoiselle Belmonte avec le
colonel Chamberlain; moi, je veux aussi empecher ce mariage. Vous avez
un moyen pour cela, je le sais; unissons-nous, aidez-moi, je vous
aiderai." Comment accueillerait-il cette ouverture? Nous ne pouvons pas
a l'avance le prevoir. Un refus est possible, une acceptation l'est
aussi. S'il accepte, c'est bien, tout est fini; vous n'avez qu'a marcher
d'accord. Mais, s'il refuse, car enfin il peut avoir des raisons pour
refuser, supposons que ce soit la vengeance qui le pousse a rompre ce
mariage,--souvent la vengeance est jalouse, elle veut agir seule, sans
secours etranger; elle veut faire le mal, mais elle veut etre seule a le
faire; si elle voit celui qu'elle poursuit entoure de plusieurs ennemis,
elle lui vient souvent en aide contre ces ennemis, pour ne se retourner
contre celui qu'elle a secouru que lorsqu'elle peut l'attaquer seule.
Tel peut-etre le cas de Beio: il n'est pas impossible qu'il tienne a
vider sa querelle avec Carmelita en tete a tete.
--Peut-etre aime-t-il surtout le tete-a-tete, dit le baron en riant d'un
gros rire.
Mais la marquise ne partagea pas cette hilarite, elle continua:
--Si Beio vous repousse, vous ne pourrez pas revenir a la charge pres
de lui, et nous aurons le desagrement de voir un moyen qui pouvait nous
etre utile nous echapper. Ce n'est pas ainsi que nous devons proceder.
Vous interessez-vous toujours a la petite Flavie, du theatre des
Bouffes?
--Je ne vois pas en quoi cette question touche notre affaire.
--Vous allez le voir, si vous voulez bien me repondre; soyez certain que
je ne vous adresse pas cette demande pour savoir vos secrets, ni ceux de
mademoiselle Flavie.
--Il n'y a pas de secrets entre la petite Flavie et moi. Cette enfant
etait la fille de mon caissier, elle restait orpheline sans fortune et
sans metier; on disait qu'elle etait jolie. Je me suis occupe d'elle
pour ne pas la laisser exposee aux tentations de la misere.
--Et, pour cela, vous l'avez fait debuter aux Bouffes?
--C'est bien naturel.
--Oh! assurement, rien n'est plus naturel, cela se voit tous les jours,
et je savais ce que vous venez de me raconter; seulement ce que je ne
sais pas et ce que je vous demande, c'est si vous avez continue a vous
occuper de cette jeune fille depuis, qu'ayant un metier, elle n'est
plus, comme vous dites, exposee aux tentations de la misere. Car elle
n'y est plus exposee, n'est-ce p
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