dans les
baraques, qui vit en intimite avec un lutteur.
--Ah!
--On ne parlait que de ca a Bayonne et a Orthez.
--On est severe a Bayonne et a Orthez.
--Tu plaisantes en Parisien sceptique; mais, si ridicules que te
paraissent les prejuges provinciaux, crois-tu qu'un homme qui n'a pas
d'autres occupations et d'autres plaisirs que de briller dans les luttes
du cirque ou du sport soit precisement le mari qui convienne a une fille
intelligente comme la tienne? Quels points de contact vois-tu entre eux?
Sois certain que la province n'est pas si bete que Paris l'imagine.
--Sans doute tu as raison, puisque ma fille n'a pas voulu de M.
d'Arjuzanx.
--J'estime qu'elle a ete sage, et j'ajoute que de sa part je n'en suis
pas etonne.
--Il est vrai qu'elle demande chez son mari d'autres qualites que celles
que M. d'Arjuzanx pouvait lui offrir; seulement le mari chez qui nous
rencontrerions ces qualites n'est pas facile a trouver.
Il y eut un moment de silence; tout a coup le notaire, prenant son
menton dans sa main, dit, comme s'il se parlait a lui-meme:
--Ca depend.
--De quoi ca depend-il?
--Des qualites exigees.
--Simplement morales et intellectuelles; physiques aussi, il est vrai,
car il faut que ce mari plaise a Anie.
--Evidemment. Ainsi la fortune n'entre pour rien dans vos exigences...
ni la naissance?
--Pour rien.
--Et la position sociale?
--C'est une autre affaire.
--Ainsi tu accepterais pour gendre un homme doue de tous les avantages
corporels et ayant devant lui le plus bel avenir, mais sans fortune et
sans naissance?
--Tu as quelqu'un en vue?
Ils se regarderent assez longuement sans parler, franchement, les yeux
dans les yeux.
--Oui, dit enfin le notaire.
--Qui?
--Note que je ne suis charge d'aucune ouverture, et que je parle
simplement en camarade, en ami, de toi d'abord, et aussi de ta fille
pour qui j'ai une vive sympathie.
--Parle donc.
--Tu ne m'en voudras pas?
--Le nom.
--Sixte.
C'etait assez timidement que le notaire avait prononce ce nom en
regardant avec une inquietude manifeste son ancien camarade, ce fut
franchement que celui-ci lui tendit la main:
--Je venais pour te parler de lui.
--Et moi je t'en aurais parle depuis longtemps, si je ne t'avais cru
engage avec M. d'Arjuzanx.
--Nous sommes a l'egard du capitaine dans une situation delicate, car
nous lui avons enleve une fortune qu'il devait considerer comme sienne.
--Il serait a peu p
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