hose?
--Combien as-tu prete?
--Rien.
--Alors il te reste tout.
--Mais...
--Enfin, peux-tu ou ne peux-tu pas faire ce que je te demande?
Il y eut un moment de silence, cruel pour tous les deux, et plus encore
peut-etre pour celui qui ne repondait pas que pour celui qui attendait.
Mais Pedebidou etait un homme resolu et de premier mouvement; il se
leva.
--C'est bien, dit-il, tu es un mauvais riche; je regrette, je regrette
bien sincerement de t'avoir mis dans la necessite de me le montrer; je
n'aurais pas cru cela d'un homme qui a tant souffert de la pauvrete.
--Je t'assure que je ne peux pas.
--Ta fortune est a toi.
--Non, a mes enfants.
--Adieu.
Barincq passa une nuit terrible; le lendemain il partait pour Bayonne
par le premier train, et en arrivant courait a la maison de commerce de
son cousin.
--Je t'apporte ma signature, dit-il en entrant dans le bureau ou
Pedebidou, tout seul, depouillait son courrier.
En entendant ces quelques paroles Pedebidou se leva vivement et, venant
a lui, il l'embrassa:
--Fais preparer les traites, dit Barincq se meprenant sur les causes de
cette emotion.
--Tu ne sauras jamais combien ta generosite me touche, mais il est trop
tard, mon pauvre ami, je ne peux accepter ta signature.
--Tu me refuses! dit Barincq.
--Hier, je pouvais te la demander parce que j'etais certain que ton
argent ne courrait aucun risque; aujourd'hui que je sais qu'il serait
perdu je ne peux pas te le prendre; je viens d'apprendre de nouvelles
faillites, c'est fini pour moi.
Malgre le chagrin que lui causait cette nouvelle, Barincq eut
l'humiliation de sentir que d'un autre cote il eprouvait un soulagement.
--Mon pauvre ami, dit-il, mon pauvre ami!
Et pendant quelques instants ils s'entretinrent de ce desastre.
Mais, quand Barincq fut dans la rue, il eut la stupeur de reconnaitre
qu'une fois encore il etait bien le mauvais riche qu'avait dit son
cousin.
Il ne le serait pas plus longtemps.
III
Il fallait donc que le testament fut remis a Sixte et que la fortune
qu'il lui leguait passat tout entiere entre ses mains.
Son repos, sa dignite, son honnetete, le voulaient ainsi.
D'ailleurs pas si heroique qu'elle paraissait au premier abord, cette
restitution; que la fortune de Gaston restat entre ses mains, ou passat
entre celles de son gendre, ce serait toujours Anie qui en profiterait,
car Sixte, droit et sage tel qu'il le connaissait, etait incapable
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