e heures quand Barincq eut vu avec Rebenacq les sept notaires de la
ville: quatre refusaient nettement l'affaire, trois demandaient du
temps; il convenait de prendre des renseignements, de se livrer a des
estimations.
--Je n'avais pas grand espoir, dit Barincq, mais c'etait un devoir de
tenter l'experience. Maintenant il ne nous reste plus qu'une demarche,
et il faut la faire, si douloureuse qu'elle soit pour moi: voir M.
d'Arjuzanx, qui certainement doit etre chez lui, puisqu'il attend Sixte;
allons a Biarritz.
En effet, le baron etait chez lui, et tout de suite il recut Barincq et
Rebenacq.
--Ce n'est pas au nom de mon gendre que je me presente, dit Barincq,
c'est en mon nom personnel, mais en me substituant a lui.
Le baron resta impassible, dans l'attitude froide et hautaine qu'il
avait prise.
--C'est donc comme votre debiteur de la somme totale de trois cent
quarante-un mille francs que je viens vous demander quels arrangements
il vous convient de prendre pour le paiement de cette somme.
--Des arrangements!
--Toutes les garanties vous seront offertes, dit Rebenacq, voulant venir
en aide a son vieux camarade, dont l'emotion faisait pitie.
--Et j'ajoute, continua Barincq, que les delais que vous fixerez seront
acceptes d'avance, a la condition qu'ils seront raisonnablement
echelonnes.
--Vous etes homme d'affaires, monsieur, dit d'Arjuzanx avec hauteur.
--Je l'ai ete.
--Et c'est une affaire que vous me proposez, une bonne affaire, puisque
vous, riche proprietaire, vous vous substituez a votre gendre qui n'a
rien, et faites votre sa dette.
Il y eut une pause qui obligea Barincq a repondre:
--Parfaitement, je la fais mienne et m'en reconnais seul debiteur.
D'Arjuzanx, qui s'etait assis, se leva.
--Eh bien, monsieur, je ne fais pas d'affaires; il s'agit d'une dette de
jeu, qui se paye dans les vingt-quatre heures, non d'une dette ordinaire
pour laquelle on peut conclure des arrangements devant notaires. Je ne
vous accepte donc pas comme debiteur; je garde celui que j'ai.
--Vous venez de reconnaitre qu'il est sans fortune.
--Justement, et c'est pour cela que je tiens a lui, ce qui vous
prouvera que je ne suis pas l'homme d'argent que vous pouvez croire.
Votre gendre a trahi ma confiance, notre camaraderie, notre amitie. Il
m'a pris la femme que j'aimais. Je lui prends son honneur. Et nous ne
sommes pas quittes.
Quand Barincq et Rebenacq furent descendus dans la rue, ils marcherent
|