de la
gaspiller ou d'en mal user.
Pour accomplir cette remise du testament, une difficulte se presentait
devant laquelle il resta embarrasse un certain temps.
Le mieux assurement serait que Sixte le trouvat, par hasard, dans le
bureau de Gaston, comme lui-meme l'avait trouve; mais pour cela il
fallait commencer par l'introduire dans ce bureau; et, comme il n'en
avait plus la cle, ce moyen n'etait pas praticable, et il dut recourir a
un autre plus simple encore.
Un dimanche soir que Sixte repartait en voiture avec Anie pour Bayonne,
il lui remit une liasse de papiers en prenant un air aussi indifferent
qu'il put.
--Qu'est-ce que tu veux que nous fassions de cela, papa? demanda-t-elle.
--Cela ne te regarde pas: ce sont des papiers qui concernent Sixte et
qu'il aura interet a lire, je pense un jour de loisir.
--Qu'est-ce donc?
--Simplement la collection des lettres que vous avez ecrites a Gaston
depuis votre enfance jusqu'a sa mort; et aussi differentes pieces de
comptes et de factures. On a trouve tout cela a l'inventaire dans un
tiroir qui vous etait consacre, mais on ne l'a pas cote, comme etant
pieces sans importance; j'aurais du vous le remettre depuis longtemps.
Cela fut dit sans appuyer et il brusqua les adieux.
Mais des le surlendemain il alla dejeuner chez sa fille, anxieux de
savoir si Sixte avait ouvert le paquet; il le trouva intact, comme il
l'avait noue lui-meme, sur la table de Sixte.
--Tiens, ton mari n'a pas ouvert ce paquet? dit-il.
--Quand Sixte rentre, il est tellement ecoeure des paperasses que le
general lui fait lire ou ecrire qu'il a l'horreur des papiers.
--Il ferait tout de meme bien de ne pas le laisser trainer: c'est toute
sa jeunesse qui est la-dedans.
--Je le lui dirai.
Le vendredi, quand il revint sous un pretexte quelconque, car il n'avait
pas l'habitude de faire deux voyages par semaine a Bayonne, le paquet
etait toujours dans le meme etat.
Il attendit le dimanche; mais ni Anie ni Sixte ne parlerent de rien;
donc il n'y avait rien, semblait-il.
Ce fut seulement dix jours apres que Sixte, rentrant un soir de mauvais
temps avant sa femme, retenue par l'odieux enchainement des visites
qu'elle avait a rendre et dont la comptabilite exigeait une tenue de
livres, ouvrit le paquet, n'ayant rien de mieux a faire.
Pas bien interessantes pour lui ces lettres, dont les premieres, qu'il
avait oubliees, etaient ecrites dans un style enfantin, que paralysait
encore
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