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faisaient que son nez semblait se raccourcir; l'expression de la
physionomie de Sixte etait exactement la meme.
Enfin, quand Gaston discutait, il avait l'habitude d'accompagner ses
arguments d'un mouvement de main tout particulier, d'abord avec le
pouce, puis bientot au pouce il ajoutait l'index, et a la fin le medius
qui, semblait-il, devait achever sa demonstration; et cela se faisait
methodiquement, dans un ordre qui jamais ne s'intervertissait; Sixte
repetait ce meme geste, dans le meme ordre.
Que prouvaient ces divers points de ressemblance? Jusqu'a l'evidence que
Sixte en avait herite de son pere, et que, par consequent, ils etaient
un acte de reconnaissance plus probant que tous ceux qu'auraient pu
dresser les maires et les notaires.
S'il en etait ainsi, Gaston, qui avait eu souvent Sixte pres de lui,
n'avait pas pu fermer les yeux a cette evidence, et ne pas acquerir la
plus nette des certitudes que cet enfant qui le reproduisait dans ses
manieres et ses habitudes, etait et ne pouvait etre que son fils.
Qu'il eut doute de la fidelite de sa maitresse, c'etait probable; mais
de sa paternite, impossible.
Le retrait du testament des mains de Rebenacq n'avait donc nullement la
signification qu'une interpretation fausse lui donnait, et jamais, a
coup sur, Gaston n'avait voulu desheriter son fils ou etablir entre lui
et les heritiers naturels des partages qui ne reposaient que sur les
fantaisies de l'imagination dominee par les calculs de l'interet
personnel.
Sans doute les raisons pour lesquelles ce retrait avait eu lieu
restaient inexplicables; mais il n'y avait qu'elles qui fussent
obscures, sur tous les autres points la lumiere etait faite, et de telle
sorte que tout honnete homme qui connaitrait le testament n'hesiterait
pas une minute a declarer que Sixte etait le seul heritier de Gaston.
Ce qu'un honnete homme ferait, pouvait-il le balancer, lui qui dans
toutes les circonstances de sa vie n'avait obei qu'a sa conscience?
Pourquoi donc, apres le mariage d'Anie et de Sixte, s'insurgeait-elle et
protestait-elle avec tant de violence si elle n'avait rien a lui
reprocher?
C'est qu'il fallait bien reconnaitre que ce mariage n'avait ete qu'un
expedient inspire par le sophisme et le subterfuge.
--De quoi Sixte pourra-t-il se plaindre, si d'une facon ou d'une autre
il jouit de la fortune de son pere? Comme heritier de Gaston ou comme
mari d'Anie, n'est-ce pas la meme chose?
Eh bien, non, ce n'e
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