qu'il
n'eut pas eu a s'en preoccuper; c'eut ete un simple pretendant refuse,
comme il devait y en avoir deja quelques-uns de par le monde, dont il
n'avait pas a prendre souci. Mais avec d'Arjuzanx il n'en etait pas
ainsi: ils etaient camarades, amis, il avait ete son confident, et cette
qualite lui creait une situation toute particuliere qui devait etre
franche et nette, de facon a ne permettre plus tard ni fausses
interpretations, ni accusations, ni recriminations.
Pour cela il convenait donc qu'il y eut une explication entre eux qui
precisat bien qu'il ne se posait point en rival: s'il pretendait a la
main d'Anie, c'est qu'elle etait libre; s'il passait au premier rang,
apres s'etre si longtemps efface, c'est que ce premier rang n'etait plus
occupe. Il connaissait trop d'Arjuzanx pour imaginer que cette
communication serait accueillie d'un front serein, mais il croyait le
connaitre trop bien aussi pour admettre qu'elle put provoquer une
rupture ou une querelle entre eux: il y aurait mecontentement, vexation,
blessure d'amour-propre, mais ce serait tout; plus tard d'Arjuzanx
serait le premier a se dire que cette demarche etait d'une entiere
loyaute et qu'il n'avait qu'a se soumettre a la force des choses.
Aussitot il lui ecrivit pour le prevenir que le surlendemain il irait a
Seignos afin d'avoir avec lui un entretien sur un sujet important, le
priant, au cas ou ce rendez-vous indique ne lui conviendrait pas, de
l'en avertir par un mot, et de lui en donner un autre.
Le lendemain, aucune reponse n'etant arrivee, Sixte prit le train pour
Seignos, un peu surpris que d'Arjuzanx ne lui eut pas ecrit qu'il
l'attendait, mais ne doutant pas cependant de le rencontrer; aussi ne
fut-il pas peu etonne quand un jardinier, qu'il rencontra, repondit a sa
question "que M. le baron n'etait pas au chateau."
--Ou est-il?
--Je n'en sais rien; mais M. Toulourenc vous le dira mieux que moi.
En effet, Toulourenc, l'ancien lutteur que le baron avait recueilli, un
peu pour travailler avec lui, et beaucoup par charite, faisait, en
quelque sorte, fonction de majordome au chateau, et en cette qualite
devait savoir ce que les gens de service ignoraient.
L'absence du baron ne fut pas le seul sujet d'etonnement du capitaine;
comme il se dirigeait vers le chateau, il n'apercut aucun des nombreux
ouvriers qui, en ces derniers temps, travaillaient aux jardins et au
chateau lui-meme, pour que le vieux domaine, abandonne depuis si
longte
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