eme point; je crois t'avoir dit aussi, faisant mon
examen de conscience, que je ne trouvais en moi qu'une parfaite
indifference a son egard; bien que depuis ce jour-la nous nous soyons
rencontres cinq fois, je n'ai point change. Dans ces conditions, je
pense donc que, ce mariage ne t'offrant plus les avantages que tu y
trouvais, surtout une entiere securite, le mieux est de le rompre avant
d'aller plus loin.
--Tu ne le regretterais point?
--Comment pourrais-je le regretter, puisque je ne sais pas encore si je
l'accepterai!
--Alors ces entrevues de Biarritz n'ont rien produit?
--Elles auraient produit un ennui reel si elles n'avaient pas eu lieu au
bord de la mer, qui etait une distraction, et si, d'autre part, elles
n'avaient pas ete egayees par le capitaine.
--Ah! le capitaine.
Cette exclamation fut prononcee d'un ton qui frappa Anie.
--Que trouves-tu d'etonnant a ce que je dis la?
Il l'examinait; pendant un certain temps il la regarda sans repondre.
--Je me demande, dit-il, si tu n'accordes pas au capitaine des merites
que tu refuses au baron.
--Il n'y a aucune comparaison a faire entre eux.
De nouveau il garda le silence, et elle fut toute surprise de voir que
les mains de son pere tremblaient comme si elles etaient agitees par une
profonde emotion.
--Qu'as-tu? demanda-t-elle.
Il ne repondit pas, et il se mit a marcher en long, en large, a pas
saccades, la tete haute, les yeux brillants, les levres fremissantes.
--Une idee! dit-il tout a coup en s'arretant devant elle, une idee que
me suggere ta reflexion a propos du capitaine, et qui me fait te
demander de repondre franchement a la question que je vais te poser.
--Elle est donc bien grave, cette question, qu'elle te met dans cet etat
d'agitation?
--La plus grave qui puisse se presenter pour toi, pour moi.
--Alors dis tout de suite.
--Si le capitaine avait demande ta main, ta reponse aurait elle ete
celle que tu as faite au baron?
--Mais... papa.
--Je t'en prie, je t'en supplie, ma cherie, sois franche avec ton pere;
tu ne sais pas quelles consequences peut avoir la reponse que je
demande.
--Mais je m'en doute bien un peu, a ton trouble.
--Alors, parle, parle.
--Eh bien, je reconnais, pour parler comme toi, que j'accorde au
capitaine des merites que je ne vois pas dans le baron.
--Et ces merites auraient-ils ete assez grands pour que, malgre son
manque de naissance ou plutot malgre la tare de sa naissance, et au
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