refuser: il accepta donc, descendit,
donna le bras a la reine, et fit avec elle plusieurs pas, tandis
que l'on changeait de chevaux.
Tout en marchant, il jetait un coup d'oeil envieux sur les
courtisans qui avaient le bonheur de faire la route a cheval.
La reine s'apercut bientot que la promenade a pied ne plaisait pas
plus au roi que le voyage en voiture. Elle demanda donc a remonter
en carrosse.
Le roi la conduisit jusqu'au marchepied, mais ne remonta point
avec elle. Il fit trois pas en arriere et chercha, dans la file
des carrosses, a reconnaitre celui qui l'interessait si vivement.
A la portiere du sixieme, apparaissait la blanche figure de La
Valliere.
Comme le roi, immobile a sa place, se perdait en reveries sans
voir que tout etait pret et que l'on n'attendait plus que lui, il
entendit, a trois pas, une voix qui l'interpellait
respectueusement. C'etait M. de Malicorne, en costume complet
d'ecuyer, tenant sous son bras gauche la bride de deux chevaux.
-- Votre Majeste a demande un cheval? dit-il.
-- Un cheval! Vous auriez un de mes chevaux? demanda le roi, qui
essayait de reconnaitre ce gentilhomme, dont la figure ne lui
etait pas encore familiere.
-- Sire, repondit Malicorne, j'ai au moins un cheval au service de
Votre Majeste.
Et Malicorne indiqua le cheval bai de Monsieur, qu'avait remarque
Madame.
L'animal etait superbe et royalement caparaconne.
-- Mais ce n'est pas un de mes chevaux, monsieur? dit le roi.
-- Sire, c'est un cheval des ecuries de Son Altesse Royale. Mais
Son Altesse Royale ne monte pas a cheval quand il fait si chaud.
Le roi ne repondit rien, mais s'approcha vivement de ce cheval,
qui creusait la terre avec son pied.
Malicorne fit un mouvement pour tenir l'etrier; Sa Majeste etait
deja en selle.
Rendu a la gaiete par cette bonne chance, le roi courut tout
souriant au carrosse des reines qui l'attendaient, et malgre l'air
effare de Marie Therese:
-- Ah! ma foi! dit-il, j'ai trouve ce cheval et j'en profite.
J'etouffais dans le carrosse. Au revoir, mesdames.
Puis, s'inclinant gracieusement sur le col arrondi de sa monture,
il disparut en une seconde.
Anne d'Autriche se pencha pour le suivre des yeux; il n'allait pas
bien loin, car, parvenu au sixieme carrosse, il fit plier les
jarrets de son cheval et ota son chapeau.
Il saluait La Valliere, qui, a sa vue, poussa un petit cri de
surprise, en meme temps qu'elle rougissait de plaisir.
Montalais, qu
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