ssent maintenant jusqu'a lui, il ne
le croyait pas: tout se reunissait pour le confirmer dans sa securite.
Ce qu'il avait si laborieusement arrange aurait reussi a souhait, et la
seule imprudence qu'un moment d'aberration lui eut fait commettre ne
paraissait pas avoir ete remarquee; personne n'avait signale sa presence
au cafe, en face de la maison de Caffie, et personne non plus ne s'etait
etonne de son obstination a rester la a une heure si caracteristique.
Mais il ne suffisait pas qu'il fut lui-meme a l'abri de ces recherches,
il fallait encore qu'il empechat Florentin d'etre injustement condamne
pour un crime dont il etait innocent: c'etait deja beaucoup que le
pauvre garcon fut emprisonne et que sa soeur fut desesperee, sa mere
malade de chagrin; mais qu'il fut, en plus, envoye a l'echafaud ou au
bagne, ce serait trop; en soi la mort de Caffie serait peu de chose:
elle devenait atroce si elle amenait un pareil denouement.
Il ne fallait pas, il ne voulait pas que cela fut; et il devait tout
faire, non seulement pour que la condamnation n'eut pas lieu, mais
encore pour que la detention ne se prolongeat pas.
C'etait a ce sentiment qu'il avait obei en allant expliquer au juge
d'instruction que les charges contre Florentin resultant de la
trouvaille du bouton ne reposaient sur rien, puisqu'il n'y avait pas eu
lutte; mais la facon dont on avait accueilli son intervention, en lui
montrant que la justice n'etait pas disposee a laisser deranger son
hypothese par une simple demonstration medicale, l'avait jete dans
l'inquietude et la perplexite.
Sans doute, un autre a sa place eut laisse les choses continuer leur
cours et, puisque la justice avait un coupable dont elle se contentait,
n'eut rien fait pour le lui enlever; tandis qu'elle suivait son
hypothese pour prouver la culpabilite de celui qu'elle tenait, elle
ne cherchait point ailleurs; quand elle l'aurait fait condamner, tout
serait fini; enterree, l'affaire Caffie, comme Caffie etait lui-meme
enterre; le silence se faisait avec l'oubli et pour lui la securite. Le
crime etait puni, la conscience publique satisfaite ne reclamait plus
rien, pas meme de savoir si la dette avait ete acquittee par celui qui
la devait reellement, il y avait eu payement, cela suffisait. Mais il
n'etait pas cet autre, et, s'il trouvait legitime la mort de ce vieux
coquin, c'etait a condition qu'on ne la fit pas payer a Florentin, a qui
elle n'avait profite en rien.
Il fallait donc qu
|