a maitresse renoncat au public, et
c'est la un amant que je ne me sens pas la force de remplacer. Non, non,
Therese, je ne peux pas aimer, moi! Je demande trop, et je demande ce que
je ne sais pas rendre; donc, il faudra bien que je retourne a mon ancienne
vie. J'aime mieux cela, parce que ton image ne sera jamais souillee en moi
par une comparaison possible. Pourquoi ma vie ne s'arrangerait-elle pas
ainsi: des femmes pour les sens et une maitresse pour mon ame? Il ne
depend ni de toi, ni de moi, Therese, que tu ne sois pas cette maitresse,
cet ideal reve, perdu, pleure, et reve plus que jamais. Tu ne peux t'en
offenser, je ne t'en dirai jamais rien. Je t'aimerai dans le secret de ma
pensee sans que personne le sache, et sans qu'aucune autre femme puisse
jamais dire: "Je l'ai remplacee, cette Therese."
"Mon amie, il faut que tu m'accordes une faveur que tu m'as refusee
pendant ces derniers jours si doux et si chers que nous avons passes
ensemble: c'est de me parler de Palmer. Tu as cru que cela me ferait
encore du mal. Eh bien, tu t'es trompee. Cela m'aurait tue lorsque pour la
premiere fois je t'ai questionnee avec emportement sur son compte: j'etais
encore malade et un peu fou; mais, quand la raison m'est revenue, quand tu
m'as laisse deviner le _secret_ que tu n'etais pas forcee de me confier,
j'ai senti, au milieu de ma douleur, qu'en acceptant ton bonheur je
reparais toutes mes fautes. J'ai examine attentivement votre maniere
d'etre ensemble: j'ai vu qu'il t'aimait passionnement et qu'il me
temoignait pourtant la tendresse d'un pere. Cela, vois-tu, Therese, m'a
bouleverse. Je n'avais pas l'idee de cette generosite, de cette grandeur
dans l'amour. Heureux Palmer! comme il est sur de toi, lui! comme il te
comprend, comme il te merite par consequent! Cela m'a rappele le temps ou
je te disais: "Aimez Palmer, vous me ferez bien plaisir!" Ah! quel odieux
sentiment j'avais alors dans l'ame! Je voulais etre delivre de ton amour,
qui m'accablait de remords, et pourtant, si alors tu m'avais repondu: "Eh
bien, je l'aime!..." je t'aurais tuee?
"Et lui, ce bon grand coeur, il t'aimait deja, et il n'a pas craint de se
consacrer a toi au moment ou peut-etre tu m'aimais encore! Moi, en
pareille circonstance, je n'aurais jamais ose me risquer. J'avais une trop
belle dose de cet orgueil que nous portons si fierement, nous autres
hommes du monde, et qui a ete si bien invente par les sots pour nous
empecher de vouloir conquerir le b
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