nement pardonne le jour ou j'ai repondu a l'affection de Palmer, et la
preuve, c'est que j'ai couru a Florence avec lui. Crois-tu donc, mon
pauvre enfant, qu'en te soignant comme j'ai fait durant ta maladie, je ne
fusse reellement la qu'une soeur de charite"? Non, non, ce n'etait pas le
devoir, qui m'enchainait a ton chevet, c'etait la tendresse d'une mere.
Est-ce qu'une mere ne pardonne pas toujours? Eh bien, il en sera toujours
ainsi, vois-tu! Toutes les fois que, sans manquer a ce que je dois a
Palmer, je pourrai te servir, te soigner et te consoler, tu me
retrouveras. C'est parce que Palmer ne s'y oppose pas que j'ai pu l'aimer,
et que je l'aime. S'il m'eut fallu passer de tes bras dans ceux de ton
ennemi, j'aurais eu horreur de moi; mais c'a ete le contraire. C'est en
nous jurant l'un a l'autre de veiller toujours sur toi, de ne t'abandonner
jamais, que nos mains se sont unies."
Therese montra cette lettre a Palmer, qui en fut vivement emu et voulut
ecrire de son cote, a Laurent, pour lui faire les memes promesses de
sollicitude constante et d'affection vraie.
Laurent fit attendre une nouvelle lettre de lui. Il avait recommence un
reve qu'il voyait s'envoler sans retour. Il s'en affecta vivement d'abord;
mais il resolut de secouer ce chagrin qu'il ne se sentait pas la force de
porter. Il se fit en lui une de ces revolutions soudaines et completes qui
etaient tantot le fleau, tantot le salut de sa vie, et il ecrivit a
Therese:
"Sois benie, ma soeur adoree; je suis heureux, je suis fier de ton amitie
fidele, et celle de Palmer m'a touche jusqu'aux larmes. Que ne parlais-tu
plus tot, mechante? je n'aurais pas tant souffert. Que me fallait-il, en
effet? Te savoir heureuse, et rien de plus. C'est parce que je t'ai crue
seule et triste que je revenais me mettre a tes pieds pour te dire: "Eh
bien, puisque tu souffres, souffrons ensemble. Je veux partager tes
tristesses, tes ennuis et ta solitude." N'etait-ce pas mon devoir et mon
droit?--Mais tu es heureuse, Therese, et moi aussi par consequent! Je te
benis de me l'avoir dit. Me voila donc enfin delivre des remords qui me
rongeaient le coeur! Je veux marcher la tete haute, aspirer l'air a pleine
poitrine et me dire que je n'ai pas souille et gate la vie de la meilleure
des amies? Ah! je suis plein d'orgueil de sentir en moi cette joie
genereuse, au lieu de l'affreuse jalousie qui me torturait
autrefois!
"Ma chere Therese, mon cher Palmer, vous etes mes deux anges g
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