sse suave, une sensibilite expansive, une sorte de piete
filiale enthousiaste.
Quand l'hiver fut venu, Therese, se voyant au bout de ses ressources, fut
forcee de revenir a Paris, ou etaient sa clientele et ses devoirs
vis-a-vis d'elle-meme. Elle cacha son retour a Laurent, ne voulant pas le
revoir trop vite; mais, par je ne sais quelle divination, il passa dans la
rue peu frequentee ou etait sa petite maison. Il vit les contrevents
ouverts et entra, ivre de joie. C'etait une joie naive et presque
enfantine, qui eut rendu ridicule et _begueule_ toute attitude de mefiance
et de reserve. Il laissa diner Therese, en la suppliant de venir le soir
chez lui pour voir un tableau qu'il venait de finir et sur lequel il
voulait absolument son avis avant de le livrer. C'etait vendu et paye;
mais, si elle lui faisait quelque critique, il y travaillerait encore
quelques jours. Ce n'etait plus le temps deplorable ou Therese "ne s'y
connaissait pas, ou elle avait le jugement etroit et realiste des peintres
de portrait, ou elle etait incapable de comprendre une oeuvre
d'imagination," _etc_. Elle etait maintenant "sa muse et sa puissance
inspiratrice. Sans le secours de son divin souffle, il ne pouvait rien.
Avec ses conseils et ses encouragements, son talent, a lui, tiendrait
toutes ses promesses."
Therese oublia le passe, et, sans etre trop enivree du present, elle ne
crut pas devoir refuser ce qu'un artiste ne refuse jamais a un confrere.
Elle prit une voiture apres son diner et alla chez Laurent.
Elle trouva l'atelier illumine et le tableau magnifiquement eclaire.
C'etait une belle et bonne chose que ce tableau. Cet etrange genie avait
la faculte de faire, en se reposant, des progres rapides que ne font pas
toujours ceux qui travaillent avec perseverance. Il y avait eu, par suite
de ses voyages et de sa maladie, une lacune d'un an dans son travail, et
il semblait que, par la seule reflexion, il se fut debarrasse des defauts
de sa premiere exuberance. En meme temps, il avait acquis des qualites
nouvelles qu'on n'eut pas cru appartenir a sa nature, la correction du
dessin, la suavite des types, le charme de l'execution, tout ce qui devait
plaire desormais au public sans demeriter aupres des artistes.
Therese fut attendrie et ravie. Elle lui exprima vivement son admiration.
Elle lui dit tout ce qu'elle jugea propre a faire dominer chez lui le
noble orgueil du talent sur tous les mauvais entrainements du passe. Elle
ne trouva auc
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