ru a la duree inebranlable de ce qui etait chez lui un effort spontane de
la volonte.
Laurent ignora d'abord le depart de Palmer pour l'Amerique; il fut
consterne de trouver Therese partie aussi sans recevoir ses adieux. Il
n'avait recu d'elle que trois lignes:
"Vous avez ete le seul confident en France de mon mariage projete avec
Palmer. Ce mariage est rompu. Gardez-nous-en le secret. Je pars."
En ecrivant ce peu de mots glaces a Laurent, Therese eprouvait une sorte
d'amertume contre lui. Ce fatal entant n'etait-il pas la cause de tous les
malheurs et de tous les chagrins de sa vie?
Elle sentit pourtant bientot que cette fois son depit etait injuste.
Laurent s'etait admirablement conduit avec Palmer et avec elle durant ces
malheureux huit jours qui avaient tout perdu. Apres la premiere emotion,
il avait accepte la situation avec une grande candeur, et il avait fait
tout son possible pour ne pas porter ombrage a Palmer. Il n'avait pas
cherche une seule fois a tirer parti aupres de Therese des injustices de
son fiance. Il n'avait cesse de parler de lui avec respect et amitie. Par
un bizarre concours de circonstances morales, c'est lui qui cette fois
avait eu le beau role. Et puis Therese ne pouvait s'empecher de
reconnaitre que, si Laurent etait parfois insense jusqu'a en etre atroce,
rien de petit et de bas ne pouvait approcher de sa pensee.
Durant les trois mois qui suivirent le depart de Palmer, Laurent continua
a se montrer digne de l'amitie de Therese. Il avait su decouvrir sa
retraite, et il ne fit rien pour l'y troubler. Il lui ecrivit pour se
plaindre doucement de la froideur de son adieu, pour lui reprocher de
n'avoir pas eu confiance en lui dans ses chagrins, de ne l'avoir pas
traite comme son frere; "n'etait-il pas cree et mis au monde pour la
servir, la consoler, la venger au besoin?" Puis venaient des questions
auxquelles Therese etait bien forcee de repondre. Palmer l'avait-il
outragee? Fallait-il aller lui en demander raison?
"Ai-je fait quelque imprudence qui t'ait blessee? as-tu quelque chose a me
reprocher? Je ne le croyais pas, mon Dieu! Si je suis la cause de ta
douleur, gronde-moi, et, si je n'y suis pour rien, dis-moi que tu me
permets de pleurer avec toi."
Therese justifia Richard sans vouloir rien expliquer. Elle defendit a
Laurent de lui parler de Palmer. Dans sa genereuse resolution de ne pas
laisser une tache sur le souvenir de son fiance, elle laissa croire que la
rupture venait
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