en relations dans une maison amie, et c'etait en
rappelant le souvenir de ces relations que cette vieille dame s'appuyait
pour lui ecrire.
Creanciere de l'avocat general pour une somme de dix mille francs pretee
d'une facon assez irreguliere, elle avait ete appelee par l'homme
d'affaires charge de liquider la succession de M. Haupois, et on lui
avait offert cinq mille francs pour tout paiement, en exigeant d'elle
une quittance entiere; tout d'abord elle avait refuse; mais l'homme
d'affaires, ne se laissant emouvoir par rien, lui avait demontre que si
elle refusait ces cinq mille francs elle perdrait tout, et, apres avoir
pris conseil de ceux qui pouvaient la guider, elle avait contre
quittance entiere de 10,000 francs, touche les cinq mille qu'on lui
proposait. Son cas n'avait pas ete unique; d'autres comme elle avaient
perdu la moitie de ce qui leur etait du et cependant avaient signe les
recus qu'on exigeait d'eux. Mais, si ces creanciers avaient pu supporter
ce sacrifice, elle n'etait pas dans une aussi bonne situation qu'eux;
cette perte de cinq mille francs etait une ruine pour elle, et c'etait
pour cela qu'elle s'adressait directement a mademoiselle Madeleine
Haupois, en faisant appel a ses sentiments de justice, d'honneur et de
piete filiale.
La lecture de cette lettre avait atterre Madeleine. Eh quoi! c'etait la
ce que son oncle appelait mener a bien le reglement des affaires de son
pere!
Mais, apres une nuit d'insomnie, elle crut avoir trouve un moyen qui
non-seulement payerait entierement les dettes de son pere, mais qui
encore empecherait Saffroy de persister dans ses projets de mariage.
Et le jour meme, a l'heure de sa promenade ordinaire avec son oncle,
profondement emue, mais aussi fermement resolue, elle s'ouvrit a lui.
XV
M. Haupois etait un homme methodique en toutes choses, meme en ses
distractions et ses plaisirs; ce qu'il avait fait une fois, il le
faisait une seconde fois, une troisieme, et toujours. Ainsi, ayant pris
l'habitude de monter chaque jour les Champs-Elysees et de les
redescendre, il ne depassait jamais le rond-point de l'Etoile; arrive
la, il faisait le tour de l'Arc de Triomphe, regardait pendant dix ou
douze minutes le mouvement des voitures dans l'avenue du bois de
Boulogne, et revenait a petits pas a Paris, prenant pour descendre le
trottoir oppose a celui qu'il avait suivi pour monter.
Madeleine monta les Champs-Elysees, appuyee sur le bras de son oncle,
san
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