la, il faut bien
que je l'exprime brutalement, puisque je te demande de faire usage de
cette qualite.
--Adresse-toi a mon desir de t'etre agreable a toi-meme, c'est assez.
--Enfin, je veux que tu charmes mon pere et ma mere de telle sorte qu'a
mon retour tu sois leur fille, leur vraie fille, non-seulement par
l'adoption, mais encore par l'affection. Presentement tu sais qu'ils
t'aiment et que tu peux compter sur eux. Je te demande de faire en sorte
qu'ils t'aiment plus encore. Tu me diras qu'on plait parce qu'on plait,
sans raison bien souvent; mais on plait aussi parce qu'on veut plaire.
Fais-moi l'amitie, chere petite ... cousine, de leur plaire a tous
deux, a l'un comme a l'autre. Ce qui sera le plus sensible a ma mere, ce
sera l'interet que tu porteras aux affaires de notre maison. Si tu veux
bien aller souvent lui tenir compagnie au magasin, si tu l'aides a
ecrire quelques lettres dans un moment de presse, si tu admires
intelligemment quelques belles pieces d'orfevrerie, elle t'adorera.
Quant a mon pere, il sera tres-heureux que tu l'accompagnes dans sa
promenade de tous les jours aux Champs-Elysees, et quand il sera fier de
toi pour les regards d'admiration que tu auras provoques en passant
appuyee sur son bras, sa conquete sera faite aussi, et solidement, je
t'assure. Ne dis pas que tu ne provoqueras pas l'admiration.
--Je ne dis rien pour que tu n'insistes pas, mais pour cela seulement.
--Maintenant il me reste a parler d'un membre de notre famille avec qui
tu n'as pas besoin de te mettre en frais, je veux parler de Camille. Il
n'est meme pas a souhaiter que tu fasses sa conquete.
--Et pourquoi donc ne veux-tu pas que je sois aimable avec elle?
--Parce qu'elle voudrait te marier.
Elle ne put retenir un mouvement de repulsion.
--Tu ne sais pas comme cette manie matrimoniale a fait de progres en
elle, depuis qu'elle est mariee; elle a toujours a offrir une collection
de jeunes gens et de jeunes filles, portant tous, bien entendu, les plus
beaux noms de la noblesse francaise ou etrangere, car elle n'a pas de
prejuges patriotiques.
--Malheureusement pour Camille, il n'y a pas de maris pour les filles
pauvres.
--Tu crois cela, petite cousine, tu as tort, il ne faut pas etre si
pessimiste: il y a, tu peux m'en croire, des hommes qui cherchent dans
une femme autre chose que la fortune, et qui se laissent toucher par la
beaute, par la grace, par les qualites de l'esprit et de l'ame....
Il avait p
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