de barricades qui les separait de la forteresse,
ils refuserent de marcher sans un sauf-conduit et une garde de casaques
rouges. Le general Garibaldi souscrivit a leur demande, et on vit cette
armee, avec artillerie, cavalerie, genie, etc., defiler tristement au
milieu d'une population exasperee, dont les regards, certes, n'avaient
rien de bien rassurant. Une centaine de volontaires formaient l'escorte,
protection du reste bien superflue. A peine entrees dans la citadelle,
ces troupes y furent consignees rigoureusement. Aussitot, d'ailleurs,
toutes les rues aboutissant a la forteresse furent murees jusqu'a la
hauteur du premier et du deuxieme etages, et les _picchiotti_,
montagnards, etc., vinrent d'eux-memes s'installer autour des remparts,
afin d'eviter toute espece de surprises.
Deja, depuis plusieurs jours, la cour de Naples prenait ses dispositions
pour l'evacuation des troupes de Palerme. On vit mouiller bientot, sur
la rade, une quantite de vapeurs remorquant des transports. Les blesses
et les malades partirent les premiers, puis vint le tour du materiel,
pele-mele avec les hommes. Toutes ces troupes, il faut l'avouer,
parurent peu touchees de leur defaite une fois qu'elles se virent sur le
pont des batiments. Leurs musiques ne cessaient de se faire entendre, et
ont les eut prises plutot pour des conquerants celebrant leur victoire
que pour des vaincus forces, par une poignee d'hommes, d'abandonner une
des plus belles provinces de la couronne qu'ils avaient ete appeles a
defendre. Ainsi vont les choses. Quoi qu'il en soit, l'evacuation marcha
grand train, et bientot devait venir le jour ou le pavillon national
serait arbore dans toute la Sicile.
Il faut maintenant jeter un coup d'oeil retrospectif sur tous ces
evenements, dont la marche rapide nous a fait negliger une foule de
faits qui doivent etre constates. Plus de trois cents maisons, brulees
dans le quartier de l'Albergheria par les troupes napolitaines battant
en retraite sur le Palazzo-Reale, n'offraient plus, au moment du premier
armistice, qu'un amas de decombres encore fumants. On trouvait a chaque
instant au milieu de ces debris, des cadavres a moitie calcines, car
les guerriers du roi de Naples avaient egorge femmes et enfants, et
pille, sans scrupule, tout ce qui leur tombait sous la main. Le couvent
des Dominicains blancs fut saccage, incendie, et les femmes qui s'y
etaient refugiees furent brulees toutes vives. On repoussait a coups de
fusil da
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