cernes dans une des
maisons du faubourg, et, brulant jusqu'a leur derniere cartouche, ils ne
mirent bas les armes que sur les instances d'un compatriote, volontaire
dans l'armee de Garibaldi; ils furent parfaitement traites, et meme
fetes par leurs vainqueurs. Ces pauvres diables, pleurant presque de
rage, ne savaient de quelle expression fletrir les compagnons qui les
avaient abandonnes lachement.
L'aspect du faubourg etait pitoyable. Partout ou passaient les
Napolitains arrivaient l'incendie et le pillage. Leur fuite precipitee
ne les empecha pas de commettre dans la ville les atrocites qui avaient
desole le faubourg sur la route de Montreal.
Pendant que les Garibaldiens bousculaient devant eux les troupes
royales, s'appretant a les suivre dans Palerme, ils furent rejoints par
quelques volontaires Palermitains, mais peu nombreux. La plus grande
partie des jeunes gens et des hommes d'action avaient ete eloignes de la
ville ou exiles depuis longtemps par la police de Maniscalco.
Du reste l'expiation commencait deja pour ses agents. Plusieurs sbires,
qui essayaient de fuir pendant l'attaque, furent reconnus et echarpes a
cote du Jardin des Plantes.
Un autre, voulant forcer les factionnaires napolitains pour chercher son
salut dans la fuite, fut fusille par les siens qui le prirent pour un
transfuge.
Dans une petite et miserable habitation, pres du pont de l'Amiraglio,
vivait une pauvre famille; le pere, force par les soldats royaux d'aller
leur chercher de l'eau, fut malheureusement atteint d'une balle et tue
sur le coup. Un instant apres, sa maison etait brulee. Sa femme et ses
deux enfants n'ont jamais reparu. Tristes scenes qui palissent cependant
a cote de celles dont l'interieur de Palerme va etre le theatre.
II
Pour bien comprendre la manoeuvre hardie que ne craignait pas de tenter
le general Garibaldi, certain qu'il etait du courage et de la
determination de ses volontaires, manoeuvre qui devait d'un seul coup
lui donner gain de cause vis-a-vis de troupes demoralisees, il faut se
rendre compte de la situation topographique de Palerme, ainsi que des
positions qu'occupaient les Napolitains.
Jadis entouree de fortifications assez imposantes qui existent encore
pour la plupart, la ville a la forme d'un rectangle dont les cotes les
plus petits regardent, l'un la mer, et l'autre la campagne dans la
direction de Montreal et Parco. Les deux autres, qui ont au moins trois
fois le developpement de
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