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venue de Montreal, qui attendait, pour aborder franchement l'armee
garibaldienne, l'approche des colonnes venant de Palerme, voyait son
aile droite compromise, et se trouvait elle-meme presque entierement
tournee par le centre et l'aile droite de Garibaldi qui prenaient une
position menacante en arriere de ses lignes. Les Napolitains se haterent
alors de se replier, les uns sur Montreal, et les autres sur Palerme. De
son cote, l'armee de Garibaldi se dirigeait, par une marche de flanc,
sur Piano, ou elle arriva a la nuit tombante. Chacun pensait que le
general allait profiter de ce premier et important succes pour se porter
rapidement en avant. Mais, a la stupefaction generale, l'artillerie et
les bagages recurent l'ordre de se separer du corps d'armee, et de filer
grand train sur la route de Corleone, battant ainsi ostensiblement en
retraite.
Corleone est une petite ville situee de l'autre cote des monts
Mata-Griffone, a environ quarante a quarante-cinq kilometres de Piano.
Le colonel Orsini, suivant les instructions qu'il avait recues, se mit
immediatement en marche, pendant que l'armee, a la faveur de la nuit,
se dirigeait elle-meme sur les forets de Fienza qu'elle atteignait vers
une heure du matin. Garibaldi savait en effet que le general commandant
l'armee napolitaine avait reuni toutes ses troupes dans Palerme. La plus
grande partie etait massee dans la rue de Tolede et au Palazzo-Reale;
d'autres etaient renfermees dans la citadelle; deux ou trois bataillons
se trouvaient pres du mont Pellegrini, et, enfin, une division entiere
gardait l'entree de Palerme vers la route de Missilmeri et Abbate. Il
fallait tromper cette division, et lui faire abandonner sa position pour
suivre un ennemi qui paraissait fuir en desordre. C'etait le role
attribue au colonel Orsini. Garibaldi, de son cote, se derobant par une
marche de nuit dans les profondeurs des forets de Fienza, tournait le
mouvement de la colonne napolitaine de maniere a arriver promptement aux
positions que l'ennemi abandonnait.
Ce projet, bien concu, et encore mieux execute, reussit completement. On
se rappelle la pompeuse depeche napolitaine annoncant la fuite en
desordre des bandes de brigands, et leur poursuite acharnee par une
division royale. Pendant ce temps Garibaldi quittait la foret de Fienzza
le 25, au matin, et entrait a Marinero sans s'inquieter de la division
ennemie qui passait a quelques milles de cette petite ville.
On vit en cette circ
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