vais preparer ce
qu'il faut, et, la, devant Dieu et les hommes, je te releverai de cet
anatheme maladroit, et rendrai a Dieu ce qui est a Dieu." Aussitot dit
aussitot fait. Le _padre_ Pantaleone (c'etait son nom) entre a l'eglise;
Garibaldi continue son chemin; mais, rejoint bientot par celui qui
devait etre plus tard son aumonier particulier, il se laissa faire, et
le diable lance a ses trousses fut exorcise par le cordelier.
On peut dire bien des choses a propos de cette anecdote; quant a moi, je
n'en garantis que la scrupuleuse veracite.
Le 18, la petite armee, bien reorganisee, arrivait a Rena, apres une
rude etape, en passant par Valguarnero et Partenico. Sur toute la route,
des bandes de volontaires descendant des montagnes avaient rallie la
colonne; mais Garibaldi leur avait enjoint de se tenir sur les flancs ou
en arriere. Il craignait avec raison le desordre que pourraient apporter
dans une attaque l'inexperience et souvent meme la frayeur de ces
soldats improvises. Il avait promptement juge leur valeur, et les
regardait dans une action comme un embarras plutot que comme une aide.
Cependant leur presence autour de l'armee garantissait de toute
surprise, et leur feu pouvait gener et meme embarrasser les tentatives
de l'armee royale. Leurs tirailleurs eclairaient de fait toute la
marche. On passa la journee du 19 a Rena, et, dans l'apres-midi, les
_picchiotti_, soutenus par quelques avant-postes de l'armee reguliere,
attaquerent Ensiti evacue incontinent par une petite arriere-garde
napolitaine qui l'occupait.
Plus on avancait, et plus on rencontrait de sympathies pour la cause
liberale. Les _picchiotti_ commencaient a se reunir en grand nombre et a
marcher moins isolement. Une partie fut enregimentee tant bien que mal,
et choisit pour colonel Roselino Pilo, qui devait le surlendemain payer
de sa vie l'honneur que lui faisaient ses compatriotes. On leur assigna
leurs postes de combat a l'avant-garde et a l'arriere-garde.
Partie dans la nuit du 19, l'armee venait s'arreter le 20 a Piappo ou
Misere-Canone. La, le general Garibaldi eut de nouveaux renseignements
sur les operations de l'armee napolitaine. Elle s'etait concentree aux
abords de Palerme, et occupait les cretes des montagnes voisines.
Plusieurs fortes colonnes mobiles, avec de l'artillerie, s'etaient
lancees sur la route de Palerme a Trapani et Marsala, ainsi que sur
celles de Messine et de Castellamare. On savait aussi qu'il leur etait
arrive de
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