per tous les _picchiotti_ de la montagne. Le musee d'artillerie,
dans sa collection, ne possede rien de plus curieux que les engins
auxquels ils sont accroches. Armes d'autrefois, exhumees on ne sait
d'ou, calibres a chevrotines ou a biscaiens; il serait difficile de dire
de quelques-uns de ces instruments s'ils partent par la culasse ou par
le bout du canon. Ce sont de ces vieux tromblons dans lesquels on
pourrait facilement loger toute une grappe de raisin, tout un paquet de
mitraille, ou ces petites carabines, au canon de cuivre, cheres aux
voleurs de grands chemins. Il y a encore nombre de stylets et de
couteaux corses ou catalans. Les costumes sont comme les armes: des
vestes de velours et des guenilles. Des figures que l'on n'aimerait pas
a rencontrer au coin d'un bois. On dirait presque la bande de Fra
Diavolo. Quelques femmes les accompagnent et, petit a petit, les
quittent pour s'en retourner vers la ville en leur donnant de ces
poignees de main qui disent a elles seules plus que tous les discours.
Tout ce monde chemine, marche, aux rayons du soleil levant, et la
colonne, semblable a un long serpent bariole, commence a gravir les
contre-forts des montagnes qui s'elevent dans l'interieur de la Sicile.
Cette premiere marche fut peut-etre l'une des plus penibles du
commencement de la campagne. Un soleil brulant, beaucoup de poussiere,
peu ou presque pas d'eau; pour des hommes encore engourdis par leur
sejour force a bord, c'etait dur. Enfin, on arriva sans encombre a
Rambingallo.
Rambingallo est une petite ville ou, pour mieux dire, un miserable bourg
qui offre peu de ressources pour une armee en marche. Aussi n'y fit-on
qu'une courte halte; on repartait le soir meme pour Saleni, ou l'on
entrait le 14 au matin. Il y eut la sejour necessaire pour organiser
plus militairement la petite armee, et pour laisser le temps aux
trainards de rallier.
Jusque-la, la colonne n'avait ete inquietee que par des bruits ou de
fausses nouvelles apportees par des espions empresses: les Napolitains
sont ici; les royaux sont la; ils sont devant vous, sur votre flanc,
etc. Somme toute, on ne les voyait nulle part.
Mais le general Garibaldi, mieux informe, savait qu'un corps de troupes
detache de Palerme s'avancait a marches forcees, et qu'il devait le
rencontrer quelque part comme a Vita, Calatafimi ou Alcamo. Ce corps
possedait de l'artillerie, et meme un peu de cavalerie.
A Saleni, le role de chaque chef et de chaque corps
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