_Sire de Framboisy_, et, si on fouillait dans un sac de
toile accroche sur son epaule, on y trouverait, j'en suis sur, quelque
poule assassinee traitreusement, car il est peu probable que les plumes
accusatrices qui se faufilent a travers les coutures de ce havre-sac
soient le commencement d'un edredon. Son armement se compose d'une
carabine, qui ressemble terriblement a celles de nos chasseurs a pied,
et d'un enorme baton, complice de bien des forfaits et dont la vue seule
doit faire fremir la volaille. Qui vient apres lui? Un enfant. Il a
seize ans, tout au plus. C'est un petit Nicois, entraine par l'amour de
la gloire ou de la liberte, comme vous voudrez, et qui vient essayer ses
forces dans les hasards de cette guerre aventureuse. Le pauvre garcon a
deja bien de la peine a supporter le poids de ses bibelots et de son
lourd fusil de munition. Courage! Il arrivera comme les autres,
peut-etre meme avant. Les gardes mobiles de France etaient aussi, pour
la plupart, des enfants. Mais quel est ce nouveau costume etonne de son
entourage? Quoi, un cordelier! Dieu me pardonne! c'est celui de la
_Pointe-aux-Blagueurs_. Son capuchon, rejete militairement sur le dos;
laisse apercevoir une encolure d'Hercule. Sa face barbue semble celle
d'un zouave ou d'un Arabe. Sa cotte est retroussee jusqu'aux hanches au
moyen d'une corde; dans cette ceinture improvisee passe un pistolet dont
le canon defierait en longueur une canardiere; et ses jambes mises
ainsi a nu font saillir des muscles dont la vigueur doit resister
merveilleusement a la fatigue et aux marches forcees. Sa croix en
sautoir, probablement par un reste d'habitude, se balance de droite a
gauche, etonnee de la recente desinvolture de son maitre; un foulard
quelque peu troue sert de kepi, et complete l'equipement. C'est sans
doute l'uniforme des aumoniers de l'armee: honni soit qui mal y pense!
Mais que vient faire ce pantalon garance dans ce pele-mele? Parle-t-il
francais? non. C'est un Toscan; car ce bon duc de Toscane, seduit par la
couleur brillante des pantalons de notre armee, en avait, comme feu le
roi de Naples, affuble les jambes de ses troupes. Puis, passent quelques
Suisses, deux ou trois Allemands, puis des Lombards; puis surtout des
Romains en grand nombre, vieux compagnons de Garibaldi, debris des
defenseurs de Rome.
Enfin, la colonne est presque passee, lorsque apparait une guerilla
bizarre. C'est le noyau des volontaires siciliens autour desquels vont
se grou
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