fut bien specifie.
Les munitions furent partagees aussi egalement que possible. Un corps de
chasseurs fut organise; Menotti, le fils de Garibaldi, en prit le
commandement, ainsi que d'une reserve destinee a proteger les quelques
chariots de bagages et de munitions appartenant a l'armee liberatrice.
Quant a la caisse, elle se defendait toute seule: elle etait vide.
Plusieurs soldats napolitains deserteurs avaient rejoint dans la soiree
du 14, et avaient donne des renseignements precis sur la position des
troupes royales qui attendaient les liberateurs a Calatafimi, non pas
les bras ouverts, mais dans de fortes positions militaires.
On devait donc prevoir une premiere et serieuse affaire pour le
lendemain. De ce combat allait dependre sans doute tout le succes de
cette aventureuse expedition. Pour les Napolitains, la defaite, c'etait
le desarroi, le decouragement et la desertion. Pour les Garibaldiens, la
victoire, c'etait presque la certitude du succes dans tout le reste de
la Sicile. Mais aussi pour eux, la defaite, c'etait le danger d'une
fuite dans les montagnes, autant dire la mort! Aussi, dans la petite
armee de Garibaldi, n'y avait-il qu'une devise: "Vaincre ou mourir." Les
_picchiotti_ seuls n'etaient pas aussi decides, et ils songeaient sans
doute a la retraite plutot qu'a la mort ou a la victoire; mais ils se
taisaient et attendaient.
Le 15, au matin, l'armee garibaldienne, partie de bonne heure de Saleni,
arrivait a Vita qu'elle trouvait abandonnee par les troupes
napolitaines. Ces dernieres occupaient, a la sortie du village, une
suite de collines allongees, aboutissant a Calafatimi.
Cette chaine presente sept positions dominantes, successives. La route
se deroule a leurs pieds; elle n'est, de fait, qu'un veritable defile
entre les collines dont nous parlons, a droite, et les hautes montagnes
qui, sur la gauche, suivent la meme direction. Seulement, ces dernieres,
quoique fort elevees, descendent par une pente presque insensible vers
la plaine, de sorte que les sommets, trop eloignes du lieu de l'action,
ne pouvaient servir de positions militaires. Une petite riviere, qui
arrive obliquement a la route, venait la rejoindre a la hauteur du
premier mamelon, et un moulin, qui se trouvait a cet endroit, etait
fortement occupe par un detachement de l'armee napolitaine. La route de
Trapani a Palerme court aux pieds des montagnes de gauche, paraissant et
disparaissant dans les plis du terrain.
A peine sortie
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