ux heures tout au
plus apres leur entree dans le port, tout le monde etait a terre, sain
et sauf. La seule perte que les volontaires eurent a subir fut celle
d'un caniche embarque sur le _Lombardo_. Il fut coupe par un boulet au
moment ou il se disposait a suivre le mouvement de l'equipage et des
volontaires.
Quelques instants apres les evenements dont nous venons de parler, la
petite armee liberatrice faisait son entree dans Marsala. La garnison,
ni le gouverneur ne s'obstinerent a se faire tuer. L'une mit bas les
armes, l'autre se rendit avec enthousiasme. Les habitants ouvraient de
grands yeux; quelques-uns criaient: _Viva la liberta!_ c'etait le plus
petit nombre; d'autres, plus avises, le pensaient peut-etre, mais le
gardaient pour eux. On a si vite commis une imprudence, et les
evenements changent si vite de face du soir au lendemain!
Quelques magasins restaient ouverts, et ces malheureux soldats de
Garibaldi, extenues par une navigation de huit jours, entasses sur leurs
navires comme des harengs dans une caque, cherchaient partout quelques
vivres frais, quelque autre boisson que l'eau croupie et saumatre du
bord. C'etait a qui se detendrait les bras et les jambes pour s'assurer
qu'il ne les avait pas perdus a bord dans l'engourdissement cause par
l'agglomeration de tant d'hommes sur le pont des navires.
Cependant, avant l'entree de Garibaldi dans Marsala, le telegraphe avait
signale a Trapani l'arrivee de deux batiments sans pavillon, puis leur
entree dans le port, puis le commencement du debarquement des
volontaires. Il s'etait arrete la.
A peine dans la ville et en vrais volontaires, les Garibaldiens
s'etaient immediatement repandus partout. L'employe du telegraphe avait
decampe au plus vite, laissant son collegue de Trapani lui faire, mais
en vain, force signaux. Dans les volontaires, il y a generalement un peu
de tout. Il fallait un agent telegraphique: on en trouva un
immediatement. Lire la depeche commencee, fut pour lui peu de chose;
traduire celle de Trapani ne fut pas plus difficile.
Mais que repondre? On fut immediatement consulter un chef; les uns
disent que ce fut le general Garibaldi lui-meme. Toujours est-il que
l'on donna l'ordre a l'employe telegraphique improvise de signaler a
Trapani: "Fausse alerte. Les navires qui debarquent contiennent des
recrues anglaises se rendant a Malte." Il etait urgent, en effet, de
derouter, ne fut-ce que pour quelques heures, les autorites militaires
de T
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