ale. On pressentait le danger sans le
deviner. Bientot le batiment fut dans le port, et il fut aise de lire
sur son arriere: _Piemonte_. Une embarcation s'en detacha en meme temps
que les ancres tombaient; elle poussa a terre. Quelques mots furent
echanges avec des matelots du quai, et, aussitot, comme par
enchantement, les bateaux s'armerent de toutes parts, et se dirigerent a
force de rames vers le _Piemonte_. C'etait le debarquement qui
commencait. L'operation marchait lestement lorsque le second navire
donna lui-meme dans le port. Mais il avait trop serre la jetee, et il
s'echoua a une centaine de metres par le travers du fanal. C'etait le
_Lombardo_. Au lieu de stopper, sa machine continua a marcher, et il se
hala un peu plus en dedans en labourant le gravier et la vase.
Il n'eut donc pas besoin de mouiller, et commenca aussi son
debarquement. De leur cote, les croiseurs napolitains arrivaient grand
train. On voyait facilement qu'ils etaient en branle-bas de combat, les
hommes aux pieces et pares a faire feu. Un premier boulet vint mourir a
quelques metres du fanal. Un second, passant par-dessus la jetee, se
noya dans le port. Ce fut le signal du sauve-qui-peut. Les orateurs de
la Pointe jugerent que leur role etait fini. On dit meme que leur
retraite manqua de decorum. Les guerriers napolitains penserent qu'il
valait mieux en cette occurrence etre dedans que dehors les murailles.
Quant au _padre_ il retroussa rapidement sa casaque, et se rappelant que
l'Eglise devait avoir horreur du sang, il devanca la foule qui ne
s'attardait guere cependant a franchir la distance qui la separait des
magasins du port derriere lesquels elle trouva un abri. La fumee de ces
deux coups de canon courait encore comme une vapeur blanche sur l'azur
de la mer, lorsque l'embarcation anglaise, debordant la corvette, se
dirigea rapidement vers le vapeur napolitain qui paraissait commander
aux autres. Le feu cessa. Pendant ce temps le debarquement continuait,
et ce ne fut qu'apres un temps assez long, lorsque l'embarcation
anglaise retourna a son bord, que la canonnade recommenca, et qu'une
grele de boulets vint tomber sur le _Lombardo_, dans le port, et sur la
route qui mene a la ville.
C'etait trop tard. Garibaldi etait a terre. Les volontaires du
_Piemonte_ se formaient en bataille a l'abri des magasins. Ceux du
_Lombardo_ commencaient a se masser sur la plage. Au premier boulet ils
s'abriterent eux-memes ou ils purent. Somme toute, de
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