itude a sa
toilette, il arriva que Monsieur, qui n'avait entendu parler de
rien pour la journee, forma le projet de reunir sa cour a lui et
d'emmener Madame souper a Moret, ou il avait une belle maison de
campagne.
Il s'achemina donc vers le pavillon des reines, et entra, fort
etonne de ne trouver la aucun homme du service royal.
Il entra tout seul dans l'appartement.
Une porte ouvrait a gauche sur le logis de Madame, une a droite
sur le logis de la jeune reine.
Monsieur apprit chez sa femme, d'une lingere qui travaillait, que
tout le monde etait parti a onze heures pour s'aller baigner a la
Seine, qu'on avait fait de cette partie une grande fete, que
toutes les caleches avaient ete disposees aux portes du parc, et
que le depart s'etait effectue depuis plus d'une heure.
"Bon! se dit Monsieur, l'idee est heureuse; il fait une chaleur
lourde, je me baignerai volontiers."
Et il appela ses gens... Personne ne vint.
Il appela chez Madame, tout le monde etait sorti.
Il descendit aux remises.
Un palefrenier lui apprit qu'il n'y avait plus de caleches ni de
carrosses.
Alors il commanda qu'on lui sellat deux chevaux, un pour lui, un
pour son valet de chambre.
Le palefrenier lui repondit poliment qu'il n'y avait plus de
chevaux.
Monsieur, pale de colere, remonta chez les reines.
Il entra jusque dans l'oratoire d'Anne d'Autriche.
De l'oratoire, a travers une tapisserie entrouverte, il apercut sa
jeune belle soeur agenouillee devant la reine mere et qui
paraissait tout en larmes.
Il n'avait ete vu ni entendu.
Il s'approcha doucement de l'ouverture et ecouta; le spectacle de
cette douleur piquait sa curiosite.
Non seulement la jeune reine pleurait, mais encore elle se
plaignait.
-- Oui, disait-elle, le roi me neglige, le roi ne s'occupe plus
que de plaisirs, et de plaisirs auxquels je ne participe point.
-- Patience, patience, ma fille, repliquait Anne d'Autriche en
espagnol.
Puis, en espagnol encore, elle ajoutait des conseils que Monsieur
ne comprenait pas.
La reine y repondait par des accusations melees de soupirs et de
larmes, parmi lesquelles Monsieur distinguait souvent le mot
_banos_ que Marie Therese accentuait avec le depit de la colere.
"Les bains, se disait Monsieur, les bains. Il parait que c'est aux
bains qu'elle en a."
Et il cherchait a recoudre les parcelles de phrases qu'il
comprenait a la suite les unes des autres.
Toutefois, il etait aise de deviner que la
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