cher dans son elan. Quant a Pardaillan, il s'etait jete brusquement
de cote, en sorte que le coup, au lieu de l'atteindre entre les epaules,
ne fit que l'effleurer au bras.
En meme temps, un homme jeune se placait au cote du chevalier et le
couvrait de sa rapiere. Pardaillan reconnut aussitot cet intrepide
defenseur. Il eut un sourire moitie attendri et moitie railleur, et
murmura en degainant, sans se presser:
--Don Cesar!
El Torero, car c'etait bien lui qui venait d'arriver si fort a propos
pour detourner le coup de poignard de Bussi, demanda avec une anxiete
qui toucha profondement le chevalier:
--Vous n'etes pas blesse, monsieur?
--Non, mon enfant, rassurez-vous!
Pendant ce bref dialogue, Montsery, Chalabre et Sainte-Maline, qui
s'etaient laisse distancer par Bussi, accouraient l'epee haute.
Bussi-Leclerc lui-meme qui, emporte par son elan, etait alle rouler sur
les cailloux, se relevait en sacrant comme un paien et tous quatre, ils
chargerent avec ensemble.
Pardaillan avait, du premier coup d'oeil, reconnu a qui il avait
affaire, et, en voyant les quatre charger, il dit tranquillement a don
Cesar:
--Adossons-nous contre cette maison... Ces braves ne seront pas tentes
de nous prendre par-derriere.
La manoeuvre s'accomplit avec promptitude et decision et, lorsque les
quatre foncerent, ils trouverent deux pointes longues et acerees qui les
recurent sans faiblir.
Les choses se trouvaient changees, tout au desavantage des trois
ordinaires et de Bussi, ecumant. L'intervention soudaine et imprevue de
don Cesar faisait avorter piteusement leur coup.
En effet, les seides de Fausta n'ignoraient pas que Pardaillan, a lui
seul, etait parfaitement de force a les battre tous les quatre reunis.
Ils savaient qu'ils ne pouvaient l'avoir que par coup de traitrise.
Or, non seulement Pardaillan etait maintenant sur ses gardes et leur
faisait face avec sa vigueur accoutumee, mais encore, pour comble, voici
qu'un inconnu venait bravement seconder les efforts de celui qu'ils
croyaient tenir. Et le pis est que cet inconnu paraissait manier son
epee avec une maitrise incontestable.
Ces reflexions, plutot melancoliques, traverserent comme un eclair le
cerveau des quatre compagnons. Neanmoins, comme ils etaient braves,
pas un instant la pensee ne leur vint d'abandonner la partie et ils
attaquerent fougueusement, resolus a se tirer tres honorablement de ce
mauvais pas ou a y laisser leur peau.
Cependant, de sa
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