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--Doucement, ne nous exposons pas a un echec par trop de precipitation.
C'est le moment d'agir avec Imprudence, et, surtout, silencieusement. Je
passe le premier en eclaireur; vous, don Cesar, derriere moi; et vous,
monsieur de Cervantes, vous fermerez la marche. Ne nous perdons pas de
vue, et maintenant plus un mot.
Dans l'ordre qu'il venait d'etablir, Pardaillan s'avanca prudemment,
evitant les allees sablees comme l'avait judicieusement recommande El
Chico, se dirigeant droit vers le cote de la maison qui lui faisait
face.
Les portes et les fenetres etaient closes. Pas le plus petit filet de
lumiere ne se voyait nulle part. De ce cote, tout semblait bien endormi.
Pardaillan contourna la maison et atteignit le deuxieme cote, aussi
sombre, aussi silencieux que le premier. Il poussa plus loin et parvint
au troisieme cote. La, a une fenetre du rez-de-chaussee situee dans
l'angle de la maison, a travers des volets mal joints, un mince filet
de lumiere filtrait. Pardaillan s'arreta. Il s'agissait maintenant
d'atteindre la fenetre eclairee et de voir ce qui se passait a
l'interieur.
Pardaillan designa la fenetre a ses deux compagnons et, sans mot dire,
reprit sa marche en avant, en redoublant de precautions.
D'ailleurs, tout paraissait les favoriser. Ils marchaient sur un epais
gazon qui etouffait le bruit de leurs pas et ils cotoyaient les massifs,
derriere lesquels il leur serait facile de se dissimuler en cas
d'alerte.
Pardaillan contourna un massif qui se trouvait a quelques pas de la
fenetre. Don Cesar et Cervantes suivirent a la file et ne remarquerent
rien d'anormal. Ils n'avaient plus qu'a franchir une petite pelouse qui
s'etendait presque jusque sous la fenetre.
Derriere Cervantes, du sein de ce massif ou ils n'avaient rien remarque
d'anormal, des ombres surgirent soudain, ramperent silencieusement et
se redresserent tout a coup pour executer, avec un ensemble parfait, la
manoeuvre que voici:
Deux mains saisirent l'ecrivain au cou, par-derriere, et etoufferent
dans sa gorge le cri pret a faillir. Une cape fut lestement jetee sur
sa tete, vivement entortillee et serree a l'etouffer. Des poignes
vigoureuses le saisirent aux bras et aux jambes, l'enleverent comme une
plume avant qu'il eut pu se rendre compte de ce qui lui arrivait, et le
porterent dans le massif.
La capture s'etait operee avec une rapidite foudroyante, sans heurt,
sans bruit, sans a-coup d'aucune sorte, sans que ni le Torero n
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