prit une petite pastille.
"Ceci m'a ete vendu par Magni, songeait-elle. Magni est un homme a
Espinosa. Il m'a trompee deja en me donnant pour du poison ce qui
n'etait qu'un narcotique. N'en sera-t-il pas de meme avec cette
pastille?... Peu importe, mes precautions sont bien prises, cette
fois-ci... J'eusse voulu lui epargner une trop lente agonie, mais je
n'ai plus le temps d'experimenter ceci."
Elle, alla allumer le bout de la pastille a une des cires. Elle souffla
legerement pour activer la combustion et vint la deposer au milieu
du caveau. De minces volutes d'une fumee bleuatre et odoriferante
s'echapperent de la petite pastille qui se consumait lentement.
Fausta sortit alors. Le laquais s'approcha et ferma la porte a double
tour.
--Vous irez jeter cette clef dans le fleuve, a l'instant, dit Fausta.
Demain matin, vous ferez venir des macons et vous ferez murer solidement
cette porte.
Le laquais s'inclina en signe d'obeissance.
Et, en remontant l'escalier, Fausta songeait:
"Qu'il vienne seulement... et rien ne pourra le sauver. Meme pas moi...
si j'en avais le desir."
Et, tandis que le laquais s'en allait docilement jeter la clef dans le
Guadalquivir proche, Fausta se dirigea vers la chambre ou dormait la
Giralda, en murmurant:
"Allons styler la petite bohemienne."
Pendant que Fausta organise la mise en scene du guet-apens imagine par
elle, pendant que Centurion procede a l'execution de ce guet-apens,
Pardaillan devise paisiblement avec ses amis.
--Comment se fait-il que vous vous soyez trouve a point nomme dans cette
rue? dit-il a don Cesar.
--C'est tres simple. M. de Cervantes et moi n'etions pas sans
apprehensions au sujet de l'entrevue que vous deviez avoir avec le roi.
Sans nous etre concertes, nous nous trouvions ici vers midi, pensant
vous y trouver. Ne vous voyant pas, notre apprehension se changea en
inquietude. Alors, nous allames a l'Alcazar, esperant, sinon vous y
rencontrer, du moins y avoir des nouvelles qui nous eussent rassures.
--Ah! fit Pardaillan en le regardant en face, vous vous etes inquietes
de moi?... Qu'eussiez-vous fait si je ne fusse pas revenu?
--Je ne sais pas, monsieur, dit naivement don Cesar. Mais nous ne
serions pas restes inactifs... Nous aurions cherche a penetrer dans le
palais.
--Nous serions entres, assura Cervantes.
--Et alors? demanda Pardaillan, dont les yeux petillaient de joyeuse
malice.
--Alors, il aurait bien fallu qu'on nous dit ce q
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