dement Fausta, qui reprit:
--Faites entrer cet enfant, ce nain.
Centurion sortit et revint presque aussitot, accompagne d'El Chico.
Nous ne saurions dire si le petit homme fut ebloui par les richesses
entassees dans la piece, ni s'il fut impressionne par la beaute et la
majeste de la grande dame devant qui on venait de l'introduire. Tout ce
que nous pouvons dire, c'est qu'il se montra indifferent, en apparence.
Il se campa devant Fausta, dans cette attitude fiere, qui ne manquait
pas d'une certaine grace sauvage et qui lui etait particuliere, et,
respectueux sans humilite, il attendit, dresse sur ses ergots, ne
perdant pas une ligne de sa petite taille.
Fausta le fouilla un instant de son oeil d'aigle, et, voilant l'eclat du
regard, adoucissant sa voix:
--C'est vous, dit-elle, qui avez conduit ici le Francais et ses amis?
El Chico n'etait pas tres bavard et il n'avait, cela va sans dire,
que de tres vagues notions d'etiquette, si tant est qu'il connut la
signification de ce mot.
Il se contenta de repondre d'un signe de tete affirmatif.
Fausta possedait au plus haut point l'art de composer ses manieres,
suivant le caractere et la situation de ceux qu'elle avait interet
a menager ou qu'elle voulait s'attacher, et ce fut en souriant avec
indulgence qu'elle accueillit le semblant de reponse du petit homme. Ce
fut en souriant encore qu'elle dit negligemment:
--Ce Torero, don Cesar, vous a fait du bien. A defaut d'affection, vous
deviez avoir pour lui de la reconnaissance. Pourtant, vous avez consenti
a l'attirer ici?
--Je savais bien qu'on en voulait seulement au Francais, dit avec un
sourire aussi El Chico. Tiens! on a des oreilles et des yeux. On ecoute,
on regarde... On est petit, c'est vrai, on n'est pas un sot.
--De sorte que vous avez compris que vos deux compatriotes ne couraient
aucun danger?... Si, cependant, la vie de don Cesar eut ete menacee,
eussiez-vous agi comme vous l'avez fait? Repondez franchement.
Le petit homme hesita un moment avant de repondre. Ses traits se
contracterent douloureusement. Il ferma les yeux. Un combat violent
paraissait se livrer en lui, dont Fausta suivait curieusement toutes les
phases.
Enfin, il poussa un gros soupir et repondit d'une voix sourde:
--Non.
--Alors, dit Fausta, vous auriez perdu les deux mille livres qu'on vous
a promis en mon nom.
El Chico repondit, cette fois sans hesitation:
--Tant pis!
Fausta sourit.
--Allons, dit-elle, je
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