t profondement endormie.
Don Cesar et Pardaillan se regarderent et se comprirent sans parler.
S'arc-boutant sur leur caisse, ils saisirent les volets et tirerent de
toutes leurs forces reunies.
Les volets s'ouvrirent sans trop de peine et sans aucun bruit, ce qui
etait le plus important.
Debarrasses de cet obstacle, ils s'etablirent le mieux qu'ils purent sur
le bord de la fenetre afin de l'ouvrir sans bruit, comme ils venaient
d'ouvrir les volets.
A ce moment, une porte s'ouvrit dans la chambre. Un homme entra qui
s'approcha de la Giralda et la contempla un moment avec une expression
passionnee qui fit palir don Cesar. Puis, se baissant, l'homme saisit
dans ses bras la jeune fille qui s'abandonna, les membres ballants,
comme un corps prive de vie. Charge de son precieux fardeau, qui ne
paraissait pas peser bien lourd a ses bras robustes, l'homme se redressa
et se dirigea vers la porte par ou il etait entre.
--Vite! rugit don Cesar en donnant de l'epaule contre la fenetre, il
l'emporte!
Pardaillan tira son epee, appuya de son cote, de toutes ses forces,
contre la fenetre, qui s'ouvrit violemment, et, l'epee a la main, il
sauta a l'interieur de la piece. Au meme instant, il entendit un cri
terrible.
Lorsqu'il sentit la fenetre ceder sous leurs efforts, don Cesar se
ramassa pour bondir. Dans le meme moment, il fut saisi par les jambes et
tire en arriere. Alors, il poussa le cri entendu de Pardaillan. Ramene
violemment a terre, le Torero fut saisi, reduit a l'impuissance, porte
lui aussi hors de la maison.
Pardaillan, lui, avait saute.
Lorsque ses pieds toucherent le sol, il sentit ce sol trembler et
s'ecrouler sous lui, et il tomba dans le noir.
Instinctivement, il etendit les bras pour se raccrocher, et son epee,
heurtant il ne savait quoi, lui echappa. Il tomba comme une masse, fort
rudement. Heureusement, la chute n'etait pas tres profonde; il ne se fit
aucun mal, mais il se trouva dans l'obscurite la plus complete.
"Ouf! dit-il, je ne m'attendais pas a cette chute!"
Et, avec cet air railleur qui lui etait familier:
"Ceci me parait une repetition des appartements si habilement machines
du seigneur Espinosa. Mais diantre! c'est trop dans la meme journee, et
si chaque jour doit m'apporter une telle abondance d'emotion, la vie ne
sera plus tenable!... Le tour est bien joue, par ma foi! Il n'en reste
pas moins acquis que je ne suis qu'un niais et ce qui m'arrive est bien
fait pour moi. Une a
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