out seul? demanda Centurion sur un ton d'incredulite.
--Il lui est venu du secours. El Torero.
--Et maintenant?
--Il vient de se mettre a table avec El Torero et un grand diable qu'il
a appele Cervantes.
--Bon! je connais! Retourne a ton poste, et, s'il y a du nouveau, viens
m'avertir a la maison des cypres.
L'ombre s'eclipsa instantanement. Centurion reprit sa course dans la
nuit, en se frottant les mains avec une jubilation intense.
A quelques dizaines de toises du Guadalquivir, dans un endroit desert,
une maison solitaire se dissimulait, prudemment tapie au centre de
massifs de palmiers, d'orangers, de citronniers et de fleurs aux subtils
parfums. Tout autour de cette premiere barriere de fleurs et de verdure,
une double rangee de cypres geants dressaient leur sombre feuillage
comme un rideau opaque. Le rideau de cypres etait entoure lui-meme d'une
muraille assez elevee qui gardait la mysterieuse demeure et la defendait
contre toute intrusion intempestive.
Centurion s'en fut droit a une porte batarde percee dans la muraille. Il
frappa d'une certaine facon et la porte s'ouvrit aussitot. Il traversa
le jardin en homme qui connait son chemin, contourna la maison et, apres
avoir franchi les marches du perron monumental, il penetra dans un vaste
et somptueux vestibule.
Quatre laquais, revetus d'une livree de nuance discrete et tres sobre
d'ornements, semblaient monter la garde dans ce vestibule ou le
bachelier-bravo etait sans doute attendu, car, sans qu'une parole fut
prononcee, un des laquais souleva une lourde tenture de velours et
l'introduisit dans un cabinet meuble avec un luxe d'une richesse inouie.
Ce n'etait sans doute pas la premiere fois qu'il penetrait dans ce
cabinet, car le familier jeta a peine un regard distrait sur les
splendeurs qui l'environnaient. Il etait reste campe au milieu de la
piece.
Une apparition blanche surgit soudain d'une merveilleuse portiere de
brocart, soulevee par une main invisible, et s'avanca d'un pas lent et
majestueux.
C'etait Fausta. Centurion se courba dans une reverence qui ressemblait a
un agenouillement.
--Parlez, maitre Centurion, dit Fausta sans paraitre remarquer l'etrange
costume du personnage.
--Madame, dit Centurion, toujours courbe, j'ai le blanc-seing.
--Donnez, dit Fausta sans manifester la moindre emotion.
Centurion tendit le parchemin que venait de lui confier Barba Roja.
Fausta le prit, l'etudia attentivement et demeura un long m
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