u sens naturel des choses."
Et, a voix haute, sans nulle raillerie:
--Voila ce que vous appelez tenir Pardaillan?... Vous vous ferez tuer,
vous et vos dix braves.
--Oh! fit Centurion incredule, vous croyez, madame?
--J'en suis sure, dit froidement Fausta.
--Qu'a cela ne tienne... je prendrai vingt hommes, trente, s'il le faut.
--Et vous vous ferez battre... Vous ne connaissez pas le chevalier de
Pardaillan.
Centurion allait protester. Elle lui imposa silence d'un geste
imperieux. Elle retourna a sa table et griffonna de nouveau quelques
lignes:
--Ceci, dit-elle, est un nouveau bon de vingt mille livres. Il est a
vous si vous le voulez.
--A moi!... s'exclama Centurion ebloui. Que faut-il faire?
--Je vais vous le dire, repondit Fausta.
Alors, d'une voix calme et posee, elle donna ses instructions au bravo
attentif. Quand elle eut termine, elle plia le bon, le mit dans son
sein, et dit:
--Si vous reussissez, ce bon est a vous.
--C'est comme si je le tenais, fit Centurion, avec un sourire sinistre.
--Allez donc. Il n'y a plus un instant a perdre.
--Madame!... fit Centurion avec une hesitation et un embarras soudain.
--Qu'est-ce encore?
--Vous m'aviez promis que la petite bohemienne ne serait pas livree a
don Almaran.
--Eh bien? fit Fausta en l'etudiant attentivement.
--Eh bien, je desire savoir si cette promesse tient toujours.
Excusez-moi, madame, reprit Centurion avec une emotion etrange, je ne
suis qu'un pauvre bachelier qui, sa vie durant, n'a fait que loger le
diable dans sa bourse... C'est vous dire que les 50 000 livres que je
devrai a votre generosite representent pour moi une fortune inouie...
Pourtant, cette fortune, je l'abandonnerais de grand coeur contre
l'assurance que jamais la Giralda ne sera livree a cette brute de Barba
Roja.
--Tu l'aimes donc bien? demanda Fausta de son air paisible.
Sans repondre. Centurion joignit les mains en une extase muette.
--Rassure-toi, dit lentement Fausta, jamais cette jeune fille ne sera,
par ma volonte, livree a ton parent.
Centurion se courba jusqu'a terre et s'elanca au dehors, ivre de joie.
Fausta resta un long moment reveuse, combinant dans sa tete les derniers
details du guet-apens qui devait, enfin, faire disparaitre de sa vie cet
obstacle vivant qui la faisait trebucher dans toutes ses entreprises, et
qui s'appelait Pardaillan.
Ayant tout regle, elle se leva et sortit du cabinet. Dans le corridor
ou elle s'engag
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