gra leguntur.
ou est chantee la saveur de la noire airelle? Sans doute par la
sincerite d'un passe amoureux qui demeura, en effet, presque constamment
fidele a la beaute brune, malgre quelques excursions dans les champs de
bles tout noyes de soleil vivant. Je ne blasphemerai pas cependant vos
charmes exquis, filles qui portez au front des rayons de miel, et a
qui je dus mes seuls plaisirs tranquilles dans le monde passionnel ou
presque tout me fut torture. La verite est que mes vraies douleurs et
mes profondes ivresses ne me vinrent pas de vous. Celle qui porte en
elle le secret horrible de mes desespoirs et de mes joies, dont le pied
triomphant m'ecrasa le coeur, est coiffee d'un casque d'ombre; et cela
est ainsi depuis que j'aime. Je ne mentirai donc pas en celebrant ses
splendeurs cruelles.
* * * * *
Plus souples, plus legeres que les fils dont la nuit
Tisse le voile obscur ou son front se recele,
Et plus enveloppants sont les cheveux de celle
Vers qui mon seul espoir desespere s'enfuit;
Quand ma bouche en tremblant les effleure sans bruit,
Leur magnifique eclat sous ma levre etincelle,
Comme, dans le ciel noir ou l'ombre s'amoncelle,
Des etoiles le choeur soudain s'allume et luit.
Comme dans un linceul vivant et que souleve
Chacun des battements ou se rythme mon reve,
Dans leur reseau divin j'ai mon coeur enferme.
Et, jaloux d'une mort plus douce que la vie,
Au cou d'ivoire pur qu'ils inondent, j'envie
Le doux et cher fardeau de leur flot parfume.
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O vous qui portez le signe redoutable des defaites innombrables de mon
coeur, Sulamites aux tempes nimbees d'ebene, je dirai, puisque cela vous
amuse, l'ineffable torture ou me mit la contemplation de vos graces
triomphantes. Tandis que, dans le teint des blondes, roule comme un
Pactole de lait ou palpitent, ca et la, des parcelles de soleil; tandis
que tout est gaiete dans le printemps rose de leurs joues, l'eclat
de votre peau, a vous, est comme tisse de rayons de lune, de rayons
d'argent pale ou frissonnent les mysteres sacres de la nuit, et votre
paleur mate, votre paleur divine semble avoir besoin de notre sang
pour y boire les chaleurs inquietes de la vie. C'est lui qu'aspire
silencieusement le baiser de vos levres froides, tragiques amantes dont
le sourire meme cache d'invisibles morsures. Sur les epaules doucement
veloutees de vos rivales semble t
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