joie.
* * * * *
Dans l'amour farouche ou, sans treve,
Je m'abime et dont je mourrai,
J'ai mis l'orgueil desespere
D'un coeur qu'avait trahi son reve.
Car je porte au flanc gauche un glaive
Invisible et si bien entre
Qu'il s'enfonce, plus acere,
Quand ma lache main le souleve.
S'alourdissant sous mon effort,
Il fouille, plus avant, plus fort,
Dans ma poitrine, jusqu'a l'ame,
Et son poids grave dans ma chair
Un nom, ton nom cruel et cher
Qu'un jour ecrivit sur sa lame.
* * * * *
Mais vous ne m'ecoutez pas, ma mie. Ah! femme que vous etes! Comme, au
fond de votre etre, vous etes bien plus a la Nature qu'a l'Amour. Tandis
que je vous chante mes tortures et mes delices, vos yeux se perdent vers
des lointains ou ma voix ne parvient guere. Mes vers vous consolent
mal des roses absentes et votre pensee est toute au regret des lilas
attardes. Ce n'est pas flatteur pour moi. Mais patience! Si les fleurs
de cette annee viennent tard, peut-etre dureront-elles plus longtemps,
et vous verrez, comme moi, dont le dernier et tardif amour est le plus
fort, qu'il est doux de respirer les parfums du printemps en automne!
[Illustration]
[Illustration]
CHOSES VECUES
Il faudrait en finir cependant, madame, avec notre eternel sujet de
discussion. Vous ne passez pas un jour sans me demander la fleur que je
prefere, et comme je vous reponds tantot: la rose! tantot: l'heliotrope!
tantot: le jasmin! suivant que c'est l'une ou l'autre qui meurt dans vos
sombres cheveux, comme dit un vers celebre de Coppee, ou qui palpite en
haut de votre corsage au rythme harmonieux de votre souffle, vous en
concluez que je n'ai aucune fixite dans les gouts et vous m'accusez
tres haut d'inconstance, vous a qui je me suis lie par une immortelle
tendresse.
Vous allez jusqu'a me dire que je ne sais pas ce que je veux, ce qui est
tout simplement une impudence de votre part. Car ce que je veux, vous
le savez aussi bien que moi, et d'autant mieux que, seule, vous me le
pouvez donner. Ah! ce que je veux, c'est.... Non! j'ai jure d'etre
decent aujourd'hui. J'ecris pour les academiciens et pour les
demoiselles.
Ou en etais-je vraiment? Vous me troublez l'esprit avec des questions
aussi inattendues. Eh bien! pour clore un debat qui a trop dure, je vous
avouerai aujourd'hui cyniquement que je vous ai toujours menti. Non! la
fleur que j'aime le
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