tes sous l'epaisseur obscure des
feuillees. Le trouble ou me met votre beaute sera comme le frisson que
le vent matinal fait passer dans les branches. Ecoutez plutot:
* * * * *
A l'ombre douce de la nuit
De tes cheveux l'ombre est pareille.
Et la nacre des perles luit
Aux fins contours de ton oreille.
De lis ton front est veloute:
Sur ta bouche meurt une rose,
Car tout rappelle, en ta beaute,
Le teint de quelque belle chose.
Pour tes yeux seuls je cherche en vain.
Il semble qu'en eux se confonde
Le ton changeant qui fait divin
Le mirage du ciel dans l'onde.
Tous tes charmes ont leur couleur
Ou mon coeur se complait sans treve....
Mais tes beaux yeux quelle est la leur?
--La chere couleur de mon Reve!
* * * * *
Il faut nous souvenir, madame. Je ne vous demande pas de revivre
avec vous les jours passes; car ils ne suffiraient plus a ma vie
d'aujourd'hui. Ma tendresse, sans cesse accrue, a senti se doubler en
elle l'impatience du desir et la puissance des joies. Les bonheurs
accumules ont fait comme un lit de fleurs tres profond et tres eleve
au bonheur que je reve. En vous suivant, je me suis tout naturellement
rapproche du ciel. Je plane tres au-dessus des routes autrefois suivies
et, si douces qu'elles aient ete, votre bras s'appuyant sur le mien,
je ne veux pas redescendre. L'abime qui me tente est celui d'en haut,
profond et plein d'etoiles comme vos yeux. Souvenons-nous cependant;
mais pour etre plus assures que nos ames se sont melees davantage et que
tout ce qui nous fut doux nous serait encore plus doux maintenant. Ah!
dans les sentiers silencieux ou nous marchions l'un pres de l'autre, ou
je buvais votre souffle, ma tete penchee vers votre tete, il me semble
que si nous y revenions, mes levres n'y quitteraient plus vos levres.
Ah! sur les gazons pleins de marguerites, ou nous allions nous asseoir,
quand le soleil declinait derriere les grands arbres teintes de rouge et
d'or, si nous nous retrouvions encore, la nuit nous surprendrait dans
un embrassement sans fin. Les caresses que nous avons semees, nous
les retrouverions grandies comme des plantes vivaces. Souvenons-nous!
Souvenons-nous! Ceux qui sentent leur amour decroitre ont, seuls, raison
de chercher l'oubli. Celui que votre beaute m'inspire n'est pas de
ces affections perissables. Il est en moi plus que moi-meme, toute ma
douleur comme toute ma
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