uillees de vos trahisons, tout ce qui fut mon
ame et votre jouet eparpille en fugitives etincelles, balaye par
l'inexorable vent des destinees.
O joies ameres que la Beaute donne et reprend, mortelles extases de
l'amour que le temps mesure a notre faiblesse, frisson divin que la
chair de la femme met a notre chair, infini menteur dont elle fait
eclater notre ame, aiguillons de feu que son regard plante dans nos
reins, tortures indicibles de la passion immortelle, je vous sens
renaitre aux silences de cette nuit etoilee, aux splendeurs mysterieuses
de ce ciel ou les flammes eteintes se sont rallumees!
Cependant une nuee de vapeurs blanches monte a l'horizon. Dans un
instant le jour gravira les premieres marches encore obscures de son
escalier de feu. Un a un les astres craintifs vont s'envoler devant le
rayonnement d'argent de son armure. Je salue la derniere etoile
obstinee au manteau flottant du ciel. C'est Venus, comme si tout devait
proclamer, dans ma pensee, qu'alors que tout s'evanouit comme un reve,
le culte de la Beaute et les chers supplices de l'amour assurent au
souvenir une immortalite.
Sous l'aile blanche du matin,
Toute la terre se recueille;
Un frisson passe de la feuille
Du chene a la feuille du thym.
Tandis que palit la grande Ourse,
Descend un long fremissement
De l'oeil profond du firmament
A l'oeil entr'ouvert de la source.
Ainsi, partout, autour de moi,
Comme un torrent tombant des cimes,
Roulant des faites aux abimes,
S'etend l'universel emoi.
Il n'est que mon coeur solitaire,
Loin de tes yeux, aux morts pareil,
En qui ne vibre aucun reveil,
Quand tout se reveille sur terre!
[Illustration]
[Illustration]
PARAPHRASE
Pour charmer mes heures moroses,
Je chante, le coeur plein de vous:
Ce n'est pas aux levres des roses
Qu'est le sourire le plus doux.
J'evoque vos candeurs insignes
Et vos virginales fraicheurs:
Ce n'est pas au cou blanc des cygnes
Que sont les plus pures blancheurs.
Je vous vois passer sous les branches
Sur vos noirs cheveux se penchant
Ce n'est pas aux yeux des pervenches
Qu'est le regard le plus touchant.
Votre image, en tous lieux suivie,
Seule, brille a travers mes pleurs
Tout ce que j'aime dans la vie,
Ce n'est ni le ciel ni les fleurs!
* * * * *
Heureux ceux que n'atteint pas la melancolie des spectacles trop beaux
et qui, pareils au
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