un peu des fraicheurs
humides et parfumees qu'ont gardees leur corolle.
* * * * *
Quand donc reverrons-nous ensemble, mignonne, les coins de bois que les
matins ensoleilles emplissent d'une vapeur doree, d'une poussiere de
clarte rose roulee par les brises a l'horizon? Il advint plus d'une fois
quand, deja lasse de notre course aurorale, vous vous etiez assise sur
un banc, que je me pris a contempler votre tete brune se detachant sur
ce fond d'apotheose, comme les figures des vierges sur le fond des
vitraux et des missels. Vous etiez toute nimbee comme une sainte, vous
qui ne savez de litanies que celles des baisers et dont le mysticisme
tout sensuel n'a pas les ambitions de celui de sainte Therese, l'amante,
attardee d'un Dieu. Oui, ma chere, cette aureole vous seyait a ravir et
tous nos paganismes ressuscites s'agenouillaient devant vous. Car vous
etiez la comme une deesse d'un temple plein d'encens vagues et de
musiques mysterieuses. Tout chantait autour de vous l'hymne de votre
Beaute sacree, l'orgueil de votre chevelure ou les souffles mettaient
de longs frissons d'azur sombre, l'eclat de votre front radieux de ces
triomphes intimes, la cruaute charmante de vos yeux et les dedains
exquis de votre bouche, tout ce qui vous fait redoutable et adoree.
J'imagine que ma pensee s'imposait a la votre et que vous vous preniez
volontiers au serieux, sans en rien dire, dans le role d'idole qui vous
va si bien. Car vous aviez le bon gout de ne pas interrompre mes extases
delicieuses et vous sembliez respirer, avec une joie recueillie, l'ame
de mes adorations melees a l'adoration des choses. Celle des fleurs vous
flattait un peu plus que la mienne. Voila tout.
Et, comme vous etes une personne bien decidee a n'etre ingrate qu'avec
moi, vous rendiez aux fleurs hommage pour hommage, les admirant avec des
tendresses enfantines, et refusant de les cueillir de peur de leur faire
du mal. Ce que les femmes ont de pitie pour les roses des haies! Au
fait, toute la pitie qu'elles n'ont pas pour nous!
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Leurs bons mouvements ne sont pas d'ailleurs eternels.
Apres m'avoir dit de bien justes et bien eloquentes choses, d'une voix
ou tintait l'echo de vos larmes de petite fille, sur l'iniquite profonde
qu'il y avait a deparer ces pauvres eglantines de leurs branches
maternelles, a trancher mechamment leur belle tige verte, a les arracher
a la grande vie libre po
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